Le carrefour de l'agglomération El Guemmas est le point de départ vers Djamaâ Etarcha, une petite localité située sur la route d'El Meridj. C'est un hameau d'habitations implantées de part et d'autre d'un chemin étroit qui sillonne champs et collines. Entre les deux camps, des différences sont clairement perceptibles même si les habitants partagent toujours ensemble l'unique école, l'unique mosquée et même les seuls café et épicieries du coin. En bas, ceux qui se nomment encore les Zenatia semblent être mieux nantis par rapport à ceux qui habitent les demeures modestes, clairsemées sur la colline s'étendant jusqu'aux montagnes de Draâ Naga. Résidant pourtant à 8 km de la ville de Constantine, les habitants de Djamaâ Etarcha ont compris, depuis quelques années, qu'ils doivent compter sur eux-mêmes pour se prendre en charge, au lieu d'attendre les générosités de l'APC. Ils ont pensé d'abord à une école pour leurs enfants. Un projet rendu possible grâce à une mobilisation générale pour dégager un lot de terrain. Un premier pas nécessaire avant la construction de trois classes prises en charge par les services de l'APC de Constantine. L'établissement qui a bouclé sa sixième année est le fruit d'un effort collectif. C'est aussi un calvaire de moins pour les gosses de la localité contraints d'aller jusqu'à la cité du 4e Kilomètre. « Nous avons réglé le problème du chauffage cette année, grâce à l'acquisition d'une chaudière qui sera opérationnelle la saison prochaine et on se débrouille toujours pour avoir le mazout qui est partagé avec la mosquée de la cité. Nous espérons toujours une aide de la direction de l'éducation pour avoir le combustible à temps », nous révèle Djamel Adoui, président de l'association des parents d'élèves de l'école Benyahia Saïd. Cette dernière aura besoin, selon notre interlocuteur, d'être renforcée par d'autres classes, car les trois disponibles s'avèrent insuffisantes surtout lorsqu'il s'agit de faire des cours de rattrapage pour les élèves. Pour les plus jeunes, un microbus assure leur déplacement vers le collège de la cité Erriad, situé à environ 4 km sur une route dangereuse. A partir de la route, la partie supérieure de Djamaâ Etarcha est devenue plus accessible après la réalisation d'une petite route en terre battue. C'est dire que les habitants comptent réellement se prendre en charge. Cette réalisation demeure un véritable exemple de citoyenneté dans un petit douar formé essentiellement de deux familles, les Adoui et les Dechiri. « Chaque propriétaire a cédé une parcelle de terrain et une contribution de 8000 DA pour ramener du tout-venant de carrière sur un site vague difficile à traverser durant l'hiver », nous dit-on. A Djamaâ Etarcha, on attend toujours le branchement au réseau de gaz naturel. « Nous sommes prêts à payer les travaux de raccordement, même si la conduite passe à moins d'un kilomètre des lieux pour alimenter la cité Sarkina », ajoute-t-on. Malgré le chômage qui touche particulièrement les jeunes, l'absence de loisirs et un isolement qui pénalisent une petite bourgade calme, les habitants de Djamaâ Etarcha espèrent, sans faire trop de bruit, plus d'égard en matière d'habitat rural surtout que la plupart d'entre eux n'ont pas assez de moyens pour avoir leur propre toit.