En dépit d'un important travail de sensibilisation pour inciter les gens à se faire dépister, les conditions d'accueil et de prise en charge dans les structures sanitaires n'arrivent plus à suivre. Dans le prolongement de la rencontre tenue dimanche dernier à l'hôtel Cirta, la journée mondiale du cancer a été célébrée, hier, par l'association Waha à l'hôtel Hocine de Ali Mendjeli. La rencontre marquée par la présence d'éminents spécialistes avait pour thème «Etat des lieux du cancer à Constantine». C'est le professeur Pierre Colonna, cancérologue de renom, qui, après une minute de silence observée à la mémoire du défunt docteur Ameur Soltane, fera un état de la situation du cancer en France, mettant en exergue la diversité de cette pathologie qui touche pratiquement tous les organes du corps humain. Pour les intervenants algériens, le constat est le même, affirmant que le cancer est une maladie chronique, qui, dans certains cas, est guérissable, pour d'autres traitable, tandis que, pour une autre catégorie, c'est du moins un accompagnement du malade dans les meilleures conditions possibles qu'il faut. Les spécialistes ont réitéré encore une fois le fait que le dépistage reste la solution idoine pour intervenir en temps utile et permettre à la chirurgie d'intervenir promptement quand la tumeur est vulnérable. Les chances pour une guérison deviennent alors réelles, notamment pour le cancer du sein qui demeure un exemple à méditer quant au travail de dépistage à mener. Cependant, des lacunes persistent encore dans la prise en charge des malades du cancer qui souffrent encore dans les couloirs des hôpitaux. Chef de service de radiothérapie au CHU de Constantine, le Pr Aïcha Djemaâ est mieux placée pour le savoir, elle qui balaiera tout l'enthousiasme qui a prévalu lors de ce rendez-vous. «Depuis septembre 2013, nous avons enregistré 5000 malades, nécessitant des soins en radiothérapie, mais le fait que nous ne disposons que d'une seule machine (accélérateur en service), nous n'avons traité que 300 malades», dira-t-elle, et d'ajouter :«Avec trois machines à Sétif, trois à Batna et deux à Constantine, pour la plupart non installées, nous sommes encore loin du compte qui exige au moins 15 machines». Pour appuyer les propos du Pr Djemaâ, le Pr Abdelhamid Aberkane, initiateur de cette rencontre, lancera : «Comme ces machines relèvent de la technologie de pointe, leur commande exige plusieurs mois et sans une approche objective basée sur des statistiques fiables, les retards, déjà très pesants, risquent d'empirer une situation déjà pas très reluisante». Pour sa part, le directeur général du CHU de Constantine, Abdeslem Rouabhi, ne pouvait que confirmer les chiffres avancés par le Pr Aïcha Djemaâ quant au nombre de machines fonctionnelles. Entre l'espoir des spécialistes et la réalité du terrain, c'est le malade qui meurt à petit feu, dans une douleur incommensurable