En l'absence des conditions qui ont motivé ces fermetures, les communes de la capitale sont appelées à suivre l'exemple d'Alger-Centre. Les autorités de la wilaya ont décidé de dégager certaines rues et ruelles du centre-ville, fermées au public depuis longtemps. Les circonstances qui ont motivé ces fermetures n'étant plus de mise, à savoir l'impératif sécuritaire, les responsables de la wilaya ont mené une campagne de réouverture qui a permis de libérer des rues fermées depuis une vingtaine d'années pour certaines d'entre elles. Cependant, s'il y a un reproche à faire aux pouvoirs publics, c'est de limiter cette opération aux seules rues et ruelles du centre-ville. En dehors d'Alger-Centre, des instances officielles continuent d'accaparer des pans entiers de l'agglomération. A Mohammadia, une commune distante d'à peine quelques kilomètres d'Alger-Centre, les autorités locales ont fermé une rue mitoyenne avec le siège de l'APC sur plusieurs dizaines de mètres. Des obstacles en béton et en fer forgé délimitent les lieux, obligeant les automobilistes à faire demi-tour. Les résidants des immeubles, près du siège de l'APC, ont longtemps souffert de cette situation qui les a rendus étrangers à leur quartier. Outre cet endroit, la commune compte d'autres lieux qui sont interdits d'accès au public. Sur le flanc de l'autoroute de l'Est qui effleure la commune du côté nord, une route a été fermée à la circulation dans les deux sens. Cette fermeture a été imposée afin de protéger les habitants d'une cité résidentielle contre on ne sait d'ailleurs quel péril. Les automobilistes qui veulent rejoindre leur lieu d'habitation sont contraints de faire un grand détour. A Bordj El Bahri, un commissariat de police déborde sur le trottoir, obligeant les piétons à marcher carrément sur la chaussée. A quelques centaines de mètres de là, au quartier la Brise marine, une brigade de gendarmerie a accaparé également la moitié de la chaussée, obligeant les voitures à passer une par une. A Tamentfoust, dans la commune d'El Marsa, le constat est le même. Le commissariat de police a monopolisé une partie de la chaussée avec des obstacles en fer. Si la rue est assez large pour permettre le passage à deux voitures, il n'en reste pas moins que ces obstacles entreposés à même la chaussée donnent une impression d'insécurité, qui n'existe fort heureusement pas. A Bab Ezzouar, c'est la wilaya déléguée de Dar El Beïda qui s'est réservé toute une rue. Cette dernière a été même donnée en exploitation à des gardiens de parking. Dans cette rue, des maisons de particuliers se retrouvent enclavées. En plus du passage qui leur est fermé, ces habitants doivent se familiariser avec les vendeurs de timbres fiscaux qui installent leur étal de fortune tantôt sur le passage, tantôt en face de leur porte. A la cité PLM, dans la commune de Bourouba, un commissariat de proximité s'est fixé comme limite un pâté de maisons se trouvant en face. Les limites de ce carré marquent la rue qui a été fermée à la circulation routière sur environ une cinquantaine de mètres. Les voitures qui viennent de part et d'autre de la route sont obligées de dévier leur itinéraire autour du carré de maisons. «Cette situation n'a plus raison d'être. Les années du terrorisme sont terminées. Pourquoi les autorités maintiennent-elles ce blocus ?», s'interrogent des habitants de la cité. Au moment où les autorités de la wilaya parlent même de lever certains barrages pour permettre une plus grande fluidité de la circulation routière, on s'obstine ailleurs à maintenir des obstacles qui n'ont plus leur raison d'être. Comment peut-on encourager l'animation de la ville, ou encore une vie nocturne dans la capitale, alors que cette dernière est barricadée ? La décennie noire a fortement marqué les esprits, il est temps de nous en débarrasser.