La sortie médiatique de Amar Saadani, secrétaire général du FLN, dans un entretien paru lundi sur TSA, dans lequel il attaque le patron des services secrets algériens, le général Mohamed Mediène, dit Toufik, n'a pas laissé indifférents les citoyens algériens. Il suffisait de s'attabler à un café pour connaître les multiples appréciations. Si pour certains, les déclarations de Saadani ne relèvent que d'une guerre de clans au sommet du pouvoir, pour d'autres, une nouvelle reconfiguration politique se dessine à la veille de l'élection présidentielle du 17 avril 2014. En parallèle, c'est surtout sur les réseaux sociaux que les Algériens véhiculent leurs commentaires sur l'entretien en question. «Tu as lu l'entretien ?», dit un passant discutant avec son ami au quartier 1er Mai. Les déclarations de Saadani ont, en effet, laissé place à plusieurs commentaires relatifs à la scène politique. «Je pense que le DRS n'a pas la même force qu'auparavant. On dirait que Bouteflika et ses amis ont pris toutes les commandes», estime Abdelkader, 45 ans. Ce fonctionnaire de la commune de Sidi M'hamed considére que «Saadani n'aurait pas risqué sa vie avec de tels propos s'il n'avait pas les garanties d'en sortir indemne. Il travaille pour Bouteflika, et c'est sûrement ce dernier qui lui aurait demandé d'attaquer le général Toufik, vu qu'il semble embêté par le jusqu'au-boutisme des partisans du 4e mandat». Pour Ammi Djemaï, «la vérité est ailleurs». «Ils peuvent se chamailler dans les colonnes de la presse et s'attaquer mutuellement. Mais au final, ils finiront pas s'entendre sur le dos du peuple. Il ne faut pas se faire d'illusions. Que ce soit Bouteflika ou les hauts gradés du DRS, toutes ces composantes travaillent la main dans la main pour profiter des richesses du pays et priver le peuple du bonheur qu'il mérite. En plus de cela, Toufik n'est qu'un élément du DRS. S'en prendre à lui, et alors ? Admettons qu'il démissionne. Il y aura quelqu'un d'autre de même nature qui le remplacera. Ce qu'il faut pour notre pays c'est un Etat juste qui applique les lois pour tout le monde», observe notre interlocuteur. Que Dieu protège le pays Toutefois, bon nombre de citoyens ne s'intéressent pas au conflit. «Je m'en fous. Qu'ils s'entretuent. De toute façon, notre quotidien ne changera pas. On n'arrive pas à remplir le couffin. On n'arrive même à faire plaisir à nos enfants. On survit. La presse doit focaliser sur les déboires de la société, et ce, chaque jour, pour faire pression. Prenez mon cas. Je ne trouve pas de logement à louer. Je me sens comme un incapable devant ma famille. Et vous voulez que je perde mon temps avec ces histoires politiques à deux sous. Que Bouteflika l'emporte ou que le général Toufik se fasse dégommer, cela ne changera rien, car ce n'est pas le peuple qui décide de son sort et ce n'est pas le peuple qui choisit ses gouvernants et ses représentants.» Sur les réseaux sociaux, les détenteurs de comptes facebook et Twitter se sont enflammés et ont pris au sérieux les déclarations de Amar Saadani. Pour Moumouh, «avant de s'attaquer au chef du DRS, la cinquième colonne a d'abord liquidé ses successeurs potentiels, c'est toute la tête de ce service qui est coupée et on entend encore dire que c'est un plan de drabki. La question qui me taraude est de connaître les contours et le modèle de la nouvelle police politique. Il y a bataille s'il y a échanges de coups. Sinon, c'est d'un passage en force qu'il faut parler». Un facebookeur du nom de Yahia estime que «le régime algérien est en train d'imploser sous nos yeux. Allah yestar el bled (que Dieu protège le pays). La guerre des clans est déclarée en Algérie. Rouhou atkatlou et akhtiwna (allez vous tuer et laissez-nous)». Quant à Smaïl, il s'interroge sur la finalité de l'entretien : «La bombe que vient de lâcher Amar Saadani au journaliste de TSA n'a-t-elle pas un objectif de diversion et une semence de confusion dans les milieux populaires ! Pourquoi cette interview sulfureuse à ce moment précis de la vie politique du pays ?» «Attendons de voir !» conclut-il.