Lors d'une récente entrevue avec l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le ministre de la Défense et maréchal Abdelfatah Al Sissi a déclaré qu'il annoncera sa candidature avant la fin du mois. Le suspense continue. Le Caire (Egypte) De notre correspondante Voilà une candidature réglée comme du papier à musique. Jusqu'au bout, le ministre de la Défense et maréchal Abdelfatah Al Sissi veut rester maître de son agenda. C'est lui qui annoncera sa candidature aux Egyptiens. Quand ? Fin février, a déclaré Amr Moussa, l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe et candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2012. Interrogé sur la chaîne Ontv dans le programme télévisé 25/30, deux chiffres renvoyant aux «Révolutions» du 25 janvier 2011 et à celle du 30 juin dernier contre le président Mohamed Morsi, Amr Moussa a confirmé la volonté du ministre de la Défense de concourir à la plus haute fonction de l'Etat. L'ancien secrétaire général explique que l'absence d'annonce officielle l'inquiétait, mais le maréchal Al Sissi l'a rassuré en confirmant qu'il se présenterait bien avant la fin du mois et ce, malgré la difficulté de la tâche. Quelques jours plus tôt, le journal kowetien al Seyassa avait cru pouvoir annoncer en exclusivité l'entrée du maréchal dans la course. «Je n'ai pas d'autre choix que de répondre à l'appel du peuple égyptien», avait déclaré l'ancien général, selon les propos rapportés par le quotidien. Mais quelques heures après la publication de l'article, l'armée égyptienne a démenti : les paroles de son leader auraient mal été interprétées. Pour la majorité des médias égyptiens, les intentions du maréchal Al Sissi ne font pourtant aucun doute, même si certains présentateurs préfèrent encore en parler au conditionnel. A chaque jour, son lot de déclarations ou de fuites sur l'annonce imminente de sa candidature. Car depuis l'adoption de la nouvelle Constitution par référendum mi-janvier, Abdel fatah Al Sissi a reçu le feu vert de l'armée : «Nous considérons que la demande populaire pour Al Sissi est un ordre», ont déclaré, lundi 27 janvier, les généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Mais également celui du peuple égyptien qui, selon lui, l'a massivement plébiscité lors des commémorations du troisième anniversaire de la révolution, le 25 janvier dernier. Comme tout homme providentiel, il sait donc se faire désirer, ne répondant pas immédiatement à «l'appel des masses». Le candidat donné grand favori attend le moment propice pour enfiler les habits du «sauveur». Candidat en lice Le nassériste Hamdeen Sabahi n'a pas voulu perdre plus de temps : le 8 février, le leader de gauche a annoncé son entrée dans la course lors d'un discours devant ses partisans. «J'espère que ma décision plaira aux jeunes et répondra à leurs demandes», a-t-il ajouté. Comme le maréchal Al Sissi, le fondateur du courant du peuple égyptien a dans un premier temps nié son intention de briguer la Présidence, avant de se rétracter quelques semaines avant le scrutin. L'homme avait créée la surprise lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, talonnant de peu le candidat islamiste Mohamed Morsi et l'ancien Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmed Chafik. Hamdeen Sabahi est la première personnalité politique de poids à entrer officiellement en campagne. Quoi qu'en dise Amr Moussa, à savoir que la décision du fondateur du Courant populaire «rendra la compétition plus forte», l'Egypte compte aujourd'hui seulement deux candidats, l'un vient d'officialiser sa candidature, l'autre attend son heure. Est-ce suffisant pour parler de compétition ? Aucun candidat islamiste à l'horizon dans un contexte de répression de la confrérie des Frères musulmans dont la plupart des cadres ont été arrêtés. Le parti salafiste Al Nour, allié de l'actuelle coalition, a rappelé dans un récent communiqué qu'il ne présenterait pas de candidat. Quant au chef du parti Egypte Forte et ancien membre des Frères musulmans Aboul Fotouh, participer à cette élection reviendrait à «tromper le peuple». Pour cet ancien candidat à l'élection présidentielle de 2012, les nouvelles autorités ont instauré une «République de la peur» qui torpille le concept même d'élection pluraliste.