A l'occasion du quatrième anniversaire du décès de l'artiste peintre Ali Ali-Khodja, un hommage lui a été rendu, vendredi après-midi, à la galerie d'art Mohamed Racim, à Alger. Ils étaient nombreux à venir assister à cet hommage, placé sous le signe de la mémoire et du souvenir. Etaient présents à cette rencontre, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, sa famille, ses amis, ses élèves, des artistes et des anonymes. L'hommage en question s'est décliné en deux moments forts : une rencontre dédiée à la vie de ce talentueux artiste plasticien, et au vernissage d'une imposante collection ayant appartenu au défunt. Etrennant la série de témoignages, Abdelhamid Laroussi, président de l'Union des arts culturels (Unac) et directeur de la galerie Mohamed Racim, confie que Ali Ali-Khodja était un monsieur aimable qu'on ne saurait oublier. Il était membre fondateur de l'Unac. «Ali Ali-Khodja , dit-il, est l'un des doyens de la peinture algérienne. C'était quelqu'un de fabuleux. Il avait une renommée assez spéciale. C'était un monsieur à qui on devait beaucoup de choses pour son mérite et pour ce qu'il a fait pour l'art algérien. J'en suis témoin. Il disait toujours ce qu'il pensait. Il était extraordinaire. Il a un riche fonds documentaire. Il était pour nous un père à la fois gentil et aimable. Il n'était pas avare en conseils.» Prenant la parole, Abderrahmane Ali-Khodja, fils du défunt, a, dans un premier temps, rappelé le riche parcours artistique de son père. Ali Ali-Kodja a baigné dès son enfance dans l'art et le patrimoine. Il a été élevé par ses deux oncles maternels miniaturistes, Mohamed et Omar Racim. Ali Ali-Khoja a commencé par la miniature et l'enluminure. A la fin des années 1950, il s'intéresse à la peinture figurative. Par la suite, il a évolué vers l'abstrait et l'aquarelle. Il aimait à travailler sur la feuille d'or. Il a participé à de nombreuses expositions de peinture en Algérie et à l'étranger. Au-delà de la somme impressionnante de tableaux qu'il a réalisés, Ali Ali-Khodja a créé une série de timbres postaux algériens en 1963, une série d'affiches pour le ministère du Tourisme en 1965 et en 1968, puis pour les Floralies d'Alger en 1974 et à la foire artisanale de Ghardaïa en 1976. Il a également réalisé en 1965 les armoiries de la Ville d'Alger. Abderrahmane Ali-Khodja nous a confié en aparté que quand on a un père qui est une célébrité, on ne peut ressentir que de la fierté : «Nous avons baigné dans des odeurs de peinture puisque son atelier était à la maison. Les liens étaient très forts entre nous. C'était un papa cool, très proche de ses enfants. Il nous couvait du mieux qu'il pouvait. Personne ne pouvait influencer sa peinture. Ses travaux étaient soutenus par certaines couleurs, notamment par le bleu du ciel d'Alger. Il ne pouvait peindre dans aucune ville, hormis Alger.». Le dernier intervenant, l'artiste peintre Zoubir Hellal, revient sur le professeur et le collègue disparu qu'il a eu la chance de côtoyer des années durant. Il affirme qu'il a connu le défunt alors qu'il avait à peine 15 ans. Il venait tout juste de se présenter au concours d'entrée à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Il a été admis avec 26 autres candidats. «J'étais le plus jeune de l'école. J'étais son petit fils. C'était un papa pour moi. Il est resté fidèle à ses idées et ses convictions. La peinture de Ali-Ali Khoja était des plus paisibles et des plus sensuelles», argue-t-il. Toujours selon Zoubir Hellal, le défunt artiste accordait une importance aux questions de l'humanité. «Il parlait de fleurs et de poésie. Il s'intéressait à la peinture abstraite lyrique.Il présentait une facture faite de couleurs, de texture et d'un certain agencement», conclut-il. Il est à noter, par ailleurs, que la galerie Mohamed Racim accueillera jusqu'au 28 février une exposition de peinture rassemblant 35 œuvres signées par l'artiste Ali Ali-Khodja. Il s'agit là d'œuvres exhumées du patrimoine familial.