Evocation - Ali Ali-Khodja était issu d'une grande lignée d'artistes, son oncle, le grand miniaturiste Mohamed Racim, fut son maître. Il y a deux ans, en 2010, disparaissait, à l'âge de 87 ans, le plasticien Ali Ali-Khodja, dont la dernière exposition remonte à 2009, soit une année avant son décès, laissant derrière lui une œuvre inachevée. «Il laissera une œuvre inachevée, orpheline de son créateur», dira Abderrahmane Ali-Khodja, lors d'un hommage qui lui a été rendu à la galerie Mohamed-Racim et ce, à l'initiative de l'Union nationale des arts culturelles (Unac). Il ajoute : «Cette œuvre sera exposée prochainement lors de la rétrospective qui sera consacrée à ce géant de la peinture algérienne.» Il souligne aussi que la collection du défunt artiste est riche de 35 œuvres. «Chacune des œuvres raconte une époque précise de la vie du défunt», dit-il. Il dira aussi : «Ali Ali-Khodja ne sortait jamais de son domicile d'El Biar, si ce n'est pour monter dans son atelier pour peindre et pianoter sur son ordinateur.» Pour Abdelhamid Laroussi, président de l'Unac, et pour lequel cet hommage était très important, tient à témoigner : «Ali Ali-Khodja était un personnage discret, correct et un grand érudit. Il était à lui seul une mémoire. C'était quelqu'un de très disponible, toujours présent sur la scène artistique. Il a été un acteur essentiel sur la scène culturelle algérienne.» L'hommage comprend une exposition d'une trentaine de tableaux admirablement exécutés par le défunt plasticien – il s'agit là d'une collection privée, datant de 1996 à 2008. Cela permettra, à coup sûr, de découvrir ou redécouvrir jusqu'à la fin du mois cet artiste au talent avéré, ce «poète des couleurs». En effet, en parcourant l'exposition, l'on peut d'emblée remarquer que l'artiste était enclin aux couleurs. «Il a baigné dès son jeune âge dans le milieu des couleurs, de la peinture et surtout de la miniature, un art dans lequel il excellait», nous est-il expliqué. Ali Ali-Khodja, né le 13 janvier 1923, était issu d'une grande lignée d'artistes, son oncle, le grand miniaturiste Mohamed Racim, fut son maître, lui apprenant l'art de la calligraphie et de l'enluminure. L'on comprend aussitôt que c'était un homme passionné par l'art. Cette passion s'était instantanément manifestée à travers son œuvre, magistrale et d'une grande esthétique, qui resplendit de profondeur et de magnificence. Il a laissé plus qu'une œuvre, il s'agit d'un patrimoine, d'une mémoire. Il nourrissait un souci profond pour la recherche. C'était un «alchimiste tourmenté par la recherche d'une œuvre philosophale». Entre autres travaux qu'il a réalisés, l'on peut citer les armoiries de la ville d'Alger en 1964, quarante-neuf timbres, de l'indépendance de l'Algérie jusqu'à 1969. Il a même esquissé des costumes pour le Ballet national, mais qui n'ont jamais été réalisés… Il a également participé à différentes expositions nationales et internationales. Sa peinture n'a eu de cesse d'évoluer, reflétant les différentes périodes de sa vie et les grands moments de son inspiration.