Une centaine de clichés autour du thème «Fragments d'enfance» sont exposés jusqu'au 8 mars au Musée national d'art moderne et contemporain (Mama), dans le cadre du 4e Festival national de la photographie d'art. La 4e édition du Festival national de la photographie d'art a ouvert ses portes samedi, en fin d'après-midi, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Deux étages du Mama ont été réquisitionnés pour accueillir cette imposante exposition de photographies. Au premier étage sont dispatchées les œuvres de l'ensemble des exposants. Au sous-sol, une sélection grandeur nature de quelques photographies sont à l'honneur. Au fil d'une balade agréable, le regard est happé par ces portraits d'enfants aux sourires généreux et innocents à la fois. Ainsi, quatorze photographes professionnels et amateurs présentent à travers leurs travaux des approches multiples de l'enfance, et ce, à l'état pur. Un hommage posthume est rendu à deux reporters photographes qui ne sont plus, hélas, de ce monde. Il s'agit de Mohamed Abdelaziz, alias Fayçal, décédé en décembre 2013, et H'mida Ghazali, disparu en 2009. Le défunt Fayçal avait collaboré, il y a quelques années, au quotidien El Watan à partir de Tamnrasset. Epris du Sud depuis longtemps, Fayçal a eu à épuiser des centaines de bobines ayant trait à cette région. On retrouve ainsi six œuvres parlantes datant de 2013. Dans «Enfants de Silet» à Tamanrasset, des enfants en noir et blanc, assis à même le sol, portant des tabliers, récitent le Coran les yeux levés vers le ciel. «Enfant de Tarakeft» laisse entrevoir une fillette souriante, portant dans ses bras un chevreau. Un autre enfant est affairé à pousser un jouet de fortune - un camion - fabriqué par sa gouvernante. Fayçal avait cette facilité de capter ses sujets en leur donnant toute la mesure de la lumière voulue. Le regretté H'mida Ghazali, qui a eu à travailler dans différents journaux arabophones, est présent le temps de cette exposition à travers trois photographies en couleur. Que ce soit cet enfant portant de lourds sachets ou encore ces trois enfants aux pieds nus jouant dans un bidonville, H'mida Ghazali a toujours porté un regard sans concession sur les conditions de vie de ces nombreux innocents. Il n'oublie pas, toutefois, de restituer toute la beauté de ces enfants, responsables de certaines tâches assez tôt. Notre collègue et confrère, Lyès Habbache, reporter photographe au quotidien El Watan, propose, quant à lui, sept clichés en couleur, fruit d'une série de reportages réalisés à Tindouf et à Namaâ en 2009. Lyès a immortalisé des clichés d'enfants vaquant à leurs occupations du moment : l'école ou encore dans une cantine. Devant tous ces visages enfantins, c'est non seulement l'euphorie qui est exprimée, mais également ces traits essentiels, permanents qui annoncent déjà le caractère du citoyen de demain. Existant depuis 1947, le studio vedette de la rue Abane Ramdane, à Alger, est présent avec un album de photos familiales. Célèbre ou anonyme, l'enfant est un modèle privilégié du photographe et une source d'inspiration intarissable. Après avoir sillonné plusieurs rédactions nationales, le photographe M'hamed Kerrouche travaille actuellement pour le site économique Maghreb Emergent. Il propose des instantanés en noir et blanc sur les enfants de camps de réfugiés sahraouis «Rabouni», pris entre 1991 et 1996. Une photo poignante est à l'honneur, celle représentant un enfant amputé d'une jambe, suite à l'explosion d'une mine antipersonnel. Farid Hassani est un autre photographe qui expose des photos d'enfants issus de la tribu des Rumseen-Ohlone à Gilroy, aux Etats-Unis. Pris entre 2005 et 2012, les clichés montrent des enfants heureux, avec des costumes millénaires faits de plumes, de pierres et de broderies. C'est parce que Farid Hassani a été adopté par cette communauté qu'il nous fait revivre des moments cérémoniaux privés. «Il y a une relation amicale avec mes sujets. C'est ainsi que j'ai pu accéder à ces prises de photos. A travers cette exposition, je veux rendre hommage à cette tribu d'Indiens qui m'ont adopté depuis sept ans déjà», explique-t-il.