Cette fois c'est fait, le conflit interpalestinien a atteint, lundi dernier, un point de non-retour et ce n'est pas le retour au calme hier qui prouvera le contraire. L'Autorité palestinienne et le gouvernement présidé et dominé par le Hamas sont en total désaccord sur le principe du référendum convoqué pour le 26 juillet prochain par le président Mahmoud Abbas, interprété comme un coup d'Etat. S'il n'y avait que les mots, aussi durs soient-ils, comme cette menace d'affrontement sans nom, mais qui a connu un début d'exécution, à vrai dire avant même que ne soit soulevée cette controverse sur le dialogue interpalestinien, d'abord et ensuite sur le principe du référendum considéré comme un arbitrage de la population des territoires occupés sur un document d'entente mis au point par des Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. La situation était donc calme hier matin à Ramallah et à Ghaza après une journée d'intenses violences, marquée par des accrochages meurtriers et des incendies de bâtiments officiels. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, engagé dans d'intenses contacts pour enrayer cette violence, devait rencontrer dans la soirée des responsables des différentes factions palestiniennes, dont le Premier ministre issu du Hamas Ismaïl Haniyeh. Des éléments du parti de M. Abbas, le Fatah, manifestant contre le gouvernement du Hamas auquel ils imputent la responsabilité de la violence partisane, avaient mis le feu lundi soir à la salle de réunion du Conseil des ministres et au Parlement à Ramallah en Cisjordanie, provoquant des dégâts partiels dans les deux bâtiments. Les incendies ont été circonscrits par les pompiers dans la nuit. A Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, des dizaines de membres des forces de l'ordre se sont déployés au lendemain de violents heurts qui ont fait deux morts et 17 blessés aux abords du QG de la Sécurité préventive. Dans la bande de Ghaza mais aussi à Ramallah, deux responsables du Hamas ont été enlevés par des éléments présumés du Fatah avant d'être remis en liberté. La recrudescence de la violence partisane sur fond d'impasse politique a poussé M. Abbas à placer les forces de sécurité en « état d'alerte maximale », selon des sources sécuritaires. M. Abbas, qui se trouve à Ghaza, a donné l'ordre aux forces de sécurité d'empêcher les membres des groupes armés, dont ceux d'une force paramilitaire du Hamas, de patrouiller dans les rues de Ghaza, selon son entourage. Ce qui était effectif hier, car la force en question s'est faite discrète dans le sud de la bande de Ghaza, a indiqué le ministère de l'Intérieur. « La force s'est retirée des principaux carrefours et des rues principales à Rafah et Khan Younès. Elle est toutefois restée dans certaines rues secondaires », a déclaré une source au ministère. « Cette mesure vise à permettre le déploiement des forces de sécurité régulières », a ajouté la source. Un responsable sécuritaire parlant sous couvert d'anonymat a, pour sa part, affirmé que « les forces de sécurité ont commencé à se déployer aux carrefours à Rafah et Khan Younès ». Un combattant du Hamas et un civil ont été tués et 17 personnes blessées lundi à Rafah, lors de violents heurts entre des membres du Hamas et de la Sécurité préventive, un service fidèle au Fatah du président Mahmoud Abbas. Après la mort de leur camarade, des centaines d'éléments du Hamas avaient assiégé le QG de la Sécurité préventive à Rafah, ouvrant le feu et lançant des grenades sur le bâtiment. L'incident de Rafah a provoqué de violentes manifestations contre le gouvernement Hamas et sa force à Ramallah en Cisjordanie, au cours desquelles des activistes d'un groupe armé lié au Fatah ont mis le feu au Conseil des ministres et au Parlement. La violence ne fait que s'accentuer dans des territoires soumis à un effroyable blocus international amenant d'ailleurs les organisations spécialisées de l'ONU à mettre en garde contre une catastrophe humanitaire. Ce qui est à relever, c'est la poursuite des contacts politiques même si rien de concret n'en est sorti, tout juste des déclarations d'intention, les uns et les autres continuant à déclarer qu'un accord est possible. Mais il s'agit d'un dialogue de sourds juste pour ne pas endosser la responsabilité de l'échec et des conséquences qui en découleront.