Une tripartite «sociale» saturée d'enjeux et à fort cœfficient électoraliste. Ce dimanche 23 février, la rencontre gouvernement-centrale syndicale-patronat — programmée à dessein la veille du scrutin présidentiel — s'annonce d'ores et déjà sous haute tension, marquée du sceau de la confrontation. Onze syndicats autonomes formant deux intersyndicales appellent à une action de protestation. Une tripartite «sociale» saturée d'enjeux et à fort cœfficient électoraliste. Ce dimanche 23 février, la rencontre gouvernement-centrale syndicale-patronat — programmée à dessein la veille du scrutin présidentiel — s'annonce d'ores et déjà sous haute tension, marquée du sceau de la confrontation. Onze syndicats autonomes formant deux intersyndicales appellent à une action de protestation : un sit-in devant le Palais du gouvernement, lieu où se tiendra la tripartite, pour entre autres dénoncer le monopole anachronique de l'appareil syndical de l'UGTA sur le champ des négociations sociales et leur exclusion systématique de toute participation à ce cadre tripartite. Après l'appel à la mobilisation lancé samedi dernier par cinq syndicats autonome de l'éducation et de la formation professionnelle (CLA, Snapep, Satef, SNTFP et SNCCOPEN), dimanche, c'était au tour de la Confédération des syndicats algériens (CSA), de leur emboîter le pas. Dans sa déclaration rendue publique, la CSA —constituée des syndicats de l'enseignement supérieur (CNES), personnels de l'éducation et de la formation (Snapest et Unpef), praticiens et praticiens spécialisés de la santé (Snapsy, SNPSP et SNPSSP) — annonce une action de protestation devant le Palais du gouvernement, à 11h. Les animateurs du CSA font part de leur «inquiétude», de leur «indignation» quant à l'exclusion, l'énième du genre, des syndicats autonomes de la prochaine tripartite, espace de concertation et négociations censées être collectives. Cette exclusion est l'expression, selon la CSA, de «la légèreté révoltante» avec laquelle les pouvoirs publics appréhendent la question sociale en Algérie. «Les syndicats autonomes, représentants légitimes de centaines de milliers de travailleurs, considèrent que cette énième exclusion de la tripartite représente un vrai danger pour la paix sociale et une réelle menace pour la cohésion sociale.» Aucune explication «rationnelle», estiment les syndicat autonomes, ne peut être avancée pour justifier d'une telle décision alors que le pluralisme syndical a été consacré depuis 1990 sans que celui-ci ne trouve, pour autant, un prolongement au niveau de la tripartite. «Avons-nous réellement le temps de chicaner, à l'heure où notre pays est soumis à de multiples pressions politiques, économiques et surtout sécuritaires, au double niveau régional et international ?», s'interrogent les syndicats. La CSA entend ainsi prendre au mot le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui appelait à la construction d'un «front interne fort, capable de prémunir le pays contre des “mains malveillantes” qui tenteraient de porter atteinte à l'unité du peuple algérien». «Nous devons en toute urgence, exhortent les autonomes, traduire (en actes) tous ces discours ravissants et enchanteurs.» Naguère carte électorale en main des décideurs du pouvoir politique et de l'oligarchie syndicale, la tripartite promet mille et une annonces, monts et merveilles au bénéfice du monde du travail. «Cette tripartite, qualifiait mercredi dernier Abdelmadjid Sidi Saïd, l'inamovible secrétaire général de l'UGTA, est historique.» «Cette 16e tripartite sera parmi les plus importantes d'entre toutes, car nous allons traiter cinq dossiers dont trois sont des dossiers moteurs.» Il s'agit, d'après Sidi Saïd, de l'élaboration d'un «pacte économique et social de croissance rénové», de la «définition des moyens de promouvoir la production nationale» et… de la «poursuite des consultations autour de l'article 87 bis (définissant l'architecture du SNMG, ndlr)» et dont l'abrogation, exigée depuis presque une vingtaine d'années par les travailleurs et syndicats, est une fois encore renvoyée aux calendes grecques. Cette tripartite dite «sociale» ressemble à s'y méprendre à la tripartite «économique» du mois d'octobre dernier dont elle est le quasi-remake !