A l'approche de la tripartite sociale qui se tiendra en décembre, les syndicats autonomes montent au créneau pour dénoncer leur exclusion. A ce grand rendez-vous regroupant le gouvernement, le patronat et le partenaire social, ne participe, du moins pour le moment, que l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Le choix délibéré du gouvernement à convoquer à ce conclave uniquement le syndicat historique et plusieurs organisations patronales suscite l'indignation des organisations syndicales autonomes, fortement présentes dans plusieurs secteurs, notamment l'éducation, la santé et l'administration publique. Ces syndicats s'interrogent, encore une fois, sur les deux poids, deux mesures du gouvernement concernant le choix de ses partenaires. En effet, le gouvernement accepte plusieurs organisations patronales comme interlocutrices, mais refuse les syndicats autonomes. Le docteur Merabet, premier responsable du Syndicat national des praticiens de la santé (SNPSP), ne cache pas sa colère contre un gouvernement qui négocie depuis de longues années avec un syndicat n'ayant aucun poids sur le terrain de la négociation. Il rappelle que l'UGTA a participé à toutes les tripartites et approuvé toutes les décisions du pouvoir, que ce soient celles relatives à la privatisation, au bradage des entreprises ou au licenciement des travailleurs. «Aujourd'hui, l'UGTA évoque l'importance de la réhabilitation du crédit à la consommation. Une formule supprimée il y a trois ans par le pouvoir avec la complicité de l'UGTA», lâche notre interlocuteur. Nouar Larbi, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest), estime, de son côté, qu'en négociant avec un seul représentant des travailleurs, «le pouvoir confirme le verrouillage du champ syndical». Meriane Meziane, leader du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement technique (Snapest), ne se fait pas d'illusion ; pour lui, tant que la nature du pouvoir et l'orientation politico-économique et sociale du pays est la même, il n'y aura pas de changement dans le sens d'une ouverture réelle et démocratique. De son avis, le déverrouillage n'est pas pour demain. Notre interlocuteur estime que le gouvernement fait appel aux syndicats autonomes uniquement quand il subit des pressions de l'extérieur. M. Meriane est persuadé que l'UGTA passera à côté de l'essentiel et que son travail consistera à entériner les décisions élaborées par le pouvoir, assisté par le patronat. Ainsi, les syndicats autonomes dénoncent leur marginalisation et leur exclusion. Pour eux, l'UGTA est en retard d'une guerre dans la lutte syndicale. Ces organisations syndicales exigent d'être considérées comme un partenaire social à part entière ; elles ont des plateformes de revendications, des avis sur différents sujets et des solutions à certaines questions. «Si le gouvernement nous sollicite, nous n'irons pas à la tripartite à titre d'observateur ou pour faire de la figuration. Nous y défendrons l'intérêt des travailleurs. Nous avons une série de propositions qui dépassent le stade des augmentations salariales. Nous aspirons à relever le niveau en matière de prestations dans le service public et surtout de préserver les acquis des travailleurs», note M. Merabet. Pour sa part, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) envisage de manifester ouvertement son mécontentement quant à l'exclusion des syndicats de la tripartite et appelle à une journée de protestation.