Les élections pour le renouvellement des conseils de l'Ordre des avocats se tiennent, en ce moment, au niveau de toutes les régions d'Algérie. Celles du conseil de l'Ordre des avocats de la région d'Annaba auront lieu le 22 février 2014. Le conseil de l'Ordre est l'organe chargé de l'administration et de la gestion du patrimoine de la profession. Il est le défenseur des intérêts moraux et matériels des avocats. Et pourtant, la dégradation de la profession est un constat unanime. Un constat d'échec répété qui a affaibli les droits de la défense et par suite les droits des justiciables. Ces élections interviennent à un moment charnière de l'histoire du barreau algérien, après l'adoption de la loi n° 13/07 du 29/10/2013 portant organisation de la profession d'avocat, qui a introduit deux changements majeurs : la limitation des mandats des bâtonniers à deux, et la fin du droit de vote pour les avocats stagiaires. Ce qui met fin, ainsi, à une situation aussi méprisable que dangereuse où on a vu se transformer une mission temporaire et bénévole d'administration d'un ordre professionnel, en rente de situation et ou la masse des avocats stagiaires était devenue l'instrument des coups de force pour l'appropriation de la profession à des fins d'intérêts claniques. Cependant, si tous les conseils de l'ordre ont appliqué les dispositions de cette loi en ce qui concerne le droit de vote des avocats stagiaires, il n'en est pas de même en ce qui concerne le cas des bâtonniers ayant déjà cumulé trois mandats avant les élections en cours. Cette loi a introduit, également, les termes d'un nouveau débat dont se sont emparé nombre d'avocats issus des nouvelles générations pour revendiquer, à juste titre, une participation active à la gestion de la profession et le passage du relais dans les formes démocratiques. Force est de constater que des confrères, grisés par l'instrumentalisation de la proximité de l'appareil judiciaire, travaillent à se frayer un passage en force. N'ayant plus la possibilité de manipuler les avocats stagiaires qui n'ont plus la qualité d'électeurs, ils se sont rabattus sur les bonnes vieilles recettes de la manipulation. L'atmosphère qui règne, aujourd'hui, au niveau des régions, à la veille des élections des conseils de l'Ordre, traduit l'entêtement de certains à vouloir imposer le statut quo et reconduire, ainsi, l'échec au risque de faire sombrer la profession dans un marasme encore plus dévastateur. Mais elle met au jour, les prémisses d'une prise de conscience salutaire auprès des nouvelles générations. Ces élections vont conditionner l'avenir de la profession. Comme elles ne manqueront pas d'influer sur le cours de la justice dans notre pays, tant il est acquis qu'il n'y a de justice forte et juste que par une défense forte et organisée. C'est le moment des grandes ruptures dans les comportements et les ambitions. Car les ambitions démesurées le disputent aux comportements intéressés qui ont perverti cette noble profession. Pendant longtemps, on a assisté à une dégradation inexorable de l'image de l'avocat. Les usages qui fondent cette profession ont été délaissés. Les règles de déontologie ont été remplacées par des contre-valeurs dégradantes. Aussi, faut-il rappeler à tout un chacun le devoir d'indépendance, la probité, la loyauté et le désintéressement qui doivent constituer les seuls critères et les seules valeurs à défendre et qui devront guider chaque avocat dans le choix de ses pairs appelés à présider aux destinées de la profession au sein du conseil de l'Ordre. Ces élections offrent l'opportunité de rompre avec les pratiques antidémocratiques, les manœuvres d'intimidation et les pressions de toutes sortes visant à entacher la régularité du scrutin. Elles doivent se dérouler dans la discipline légale, la sérénité, la confraternité et la transparence. Les avocats ne doivent jamais se départir de leur qualité d'hommes de loi ayant prêté serment de respecter les lois et la noblesse des usages qui commandent leur profession. L'image de la profession, ses intérêts, ses symboles, doivent être préservés de tout comportement de nature à toucher sa noblesse et à nuire à la considération de ses membres. Chaque confrère doit se rappeler à cette occasion que la profession d'avocat est une profession libérale et indépendante qui œuvre pour le respect et la sauvegarde des droits de la défense. Pour concourir à l'œuvre de justice et au respect de la primauté du droit, elle doit être dignement représentée. Seuls les critères de probité, de loyauté, de désintéressement et d'engagement des représentants élus de la profession pourront participer à faire de celle-ci ce contre-pouvoir si nécessaire à rendre le pouvoir judiciaire crédible, efficace et fiable. A ce titre, les candidats aux élections au conseil de l'Ordre des avocats, outre les conditions légales prévues, doivent répondre aux conditions morales d'intégrité et de dévouement aux intérêts moraux et matériels de la profession. Ce n'est qu'à ces conditions que nous aurons réalisé une rupture avec les pratiques claniques intéressées, si préjudiciables à la profession, qui ont cours et qui pervertissent cette noble profession. Nous aurons également contribué à jeter les jalons à une collaboration efficace et digne à l'œuvre de justice.