Perdurant depuis plus de 21 ans, le calvaire des citoyens regroupés dans la coopérative immobilière Essaada, disposant pourtant d'un permis de construire et du livret foncier délivré le 1er avril 2008, ne trouve toujours l'épilogue au grand dam des propriétaires, dont certains d'entre eux ne sont plus de ce monde. Pour rappel, l'affaire remonte à l'année 1992, quand l'Etat vend une parcelle de terrain d'une superficie de quatre hectares, sise à la cité Laid Dahoui, à proximité du marché de voitures, à neuf coopératives immobilières, afin d'y construire des logements (en verticale) pour leurs adhérents, des fonctionnaires de différentes administrations. Après les travaux de viabilisation et d'aménagement, effectués par les coopératives immobilières, le projet est bloqué par l'APC de Sétif de l'époque pour des raisons non évidentes. Le terrain qui reste à l'abandon des années durant, suscite la convoitise des habitants d'une ferme coloniale, jouxtant l'assiette foncière. Ces derniers, qui occupent illégalement la ferme (après le relogement des anciens habitants par la daïra de Sétif en 1997), et ne possédant aucun titre de propriété, s'accaparent le terrain et le transforment en un parking sauvage les jours du marché hebdomadaire de voitures. Cette situation va durer jusqu'à l'année 2009, date à laquelle le nouveau PDAU (plan directeur d'aménagement et d'urbanisme) de la ville de Sétif, approuve de nombreux POS (plan d'occupation des sols) y compris celui de la cité Laid Dahoui, qui retrouve ainsi sa vocation initiale, à savoir une zone urbaine et habitable. Forts de leur droit, les neuf coopératives immobilières entament les démarches nécessaires pour l'obtention de leur permis de construire. Et ce n'est qu'en 2010 que les services concernés délivrent ce précieux document. Au grand bonheur de centaines de ces coopérateurs qui ont attendu près de 18 ans pour voir enfin leur rêve, celui d'avoir un logement, se concrétiser à moitié. Ainsi et après le choix des entreprises de réalisation, et le paiement des quotes-parts de chaque adhérent, les travaux vont enfin commencer. Mais les coopérateurs vont vite déchanter, et leur joie sera de courte durée. En voulant entamer les travaux, les entreprises seront empêchées de force d'accéder au site par les indus occupants du terrain, imposant par la même, leur loi. Ces derniers voient en ces travaux la fin de leurs activités lucratives. Les squatteurs de la ferme ont menacé de s'en prendre aux ouvriers et aux matériels des entreprises, au cas où ils s'aventuraient sur la parcelle. Des menaces de mort ont même été proférées par ces gens à quiconque entreprendraient des travaux. Ne voulant pas envenimer la situation et évitant d'entrer en conflit ouvert avec ces «clandestins», les coopératives immobilières décident, la mort dans l'âme, de suspendre les travaux et portent l'affaire devant la justice, en déposant plainte au niveau du parquet de Sétif et de la police. Trois plaintes seront donc déposées auprès du procureur de la République. «Nous avons toujours respecté la loi et nous avons agi dans la légalité, mais personne ne veut nous venir en aide. Nous n'avons rien demandé, juste qu'on nous laisse construire nos logements. Le terrain nous appartient, nous l'avons acheté et nous avons attendu longtemps pour pouvoir prétendre à un logement. Nous ne comprenons toujours pas comment des gens étrangers viennent nous déposséder de nos biens et nous spolier sous le regard des pouvoirs publics qui sont une fois de plus interpellés pour mettre un terme à ces dépassements. On ne doit pas fermer les yeux, car il y va de la crédibilité des institutions censées respecter les lois de la République. On s'explique mal la manière de faire de ces gens qui nous empêchent de construire sur nos terrains. Nous avons introduit une affaire en justice, au niveau de la section du foncier. Un jugement a été rendu en notre faveur, stipulant que ces gens-là devraient nous laisser entamer les travaux. Mais le jugement reste malheureusement noir sur blanc, car il n'a pas été appliqué sur le terrain, et face à ce déni de justice, la situation risque de prendre des proportions des plus alarmantes, quand on sait que les trois cent familles ne sont pas prêtes à baisser les bras. Nous sommes en colère et attristés, car le non- respect de la loi a fait très mal à des coopérateurs, décédés avant même d'offrir un toit à leur famille. C'est vraiment rageant. Etant légalistes, nous profitons de cette opportunité pour demander l'intervention du premier responsable de la wilaya pour que force reste à la loi. Il ne faut pas avoir peur des mots, car les indus occupants se comportent de la sorte rien que pour forcer la main à l'autorité pour bénéficier de logements sociaux. On refuse le rôle d'otages», diront non sans colère des coopérateurs qui ne savent où donner de la tête.