De l'agriculture dont il était question à Belghimouz et des vergers des agrumes et des terres fertiles qui faisaient la fierté des fellahs, il ne reste plus rien. Belghimouz, l'ex-village socialiste cher au défunt président Houari Boumediene, a fait sa mue pour devenir une agglomération semi-urbaine sans lien avec son passé. Sa vocation agricole n'est plus qu'un souvenir. Tout au long des vastes plaines s'étendant sur plusieurs hectares à une quarantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Jijel, l'on est, d'abord, frappé, par l'absence de tout labeur des terres si généreuses de ce territoire. Face à l'irrémédiable avancée du béton, l'homme semble se résigner à abandonner le travail de la terre. Depuis quelques années, c'est la culture de la fraise qui semble sauver la face en se plaçant comme une alternative à l'agriculture maraichère qui faisait la réputation de la région. Les quelques hectares que cette activité s'est offerts ont donné des résultats probants. Le rendement de la culture de la fraise est en nette progression, selon des producteurs et les services agricoles. Qu'à cela ne tienne, Belghimouz n'est pas uniquement la fraise d'aujourd'hui. Il était un marché des produits maraichers, dont on ne trouve plus trace. Au royaume de l'agriculture, l'on se plaint, comme ailleurs, de la cherté des fruits et légumes et des pénuries du lait en sachet. «Les gens ne travaillent plus, ils achètent tout d'ailleurs, s'ils se plaignent, c'est le sort qui les a punis pour avoir abandonné la terre», se désole-t-on dans ce village jadis prospère. Les 6000 habitants de cette agglomération, classée semi-urbaine, ont d'autres préoccupations qui n'ont pas toujours de liens avec la vocation agricole du village. Les pénuries d'eau, la vétusté des réseaux d'AEP, la crise du logement, le chômage et l'oisiveté des jeunes sont leurs principales préoccupations. Des projets de développement sont inscrits, mais leur réalisation se fait languir. Un programme sectoriel d'une enveloppe de 100 millions de dinars équitablement partagé entre le chef-lieu de la commune d'El Ancer et ce village, est venu donner plus de consistance à l'effort de réhabilitation du réseau d'AEP. Quant à l'agriculture, le fondement à la base duquel ce village a été créé, elle est reléguée au second plan. «Officiellement, la vocation agricole de Belghimouz n'a jamais été abandonnée, la richesse du village, c'est cette terre qui fait sa réputation, mais pour des raisons multiples, on semble ne pas trop se préoccuper du travail de la terre, c'est, d'ailleurs, ce qu'on déplore», se désole, le P/APC.