Mouloud Hamrouche compte réagir très prochainement à l'évolution précipitée de la situation politique nationale, à l'orée de la présidentielle du 17 avril 2014. L'intervention politique, aussi surprenante que vigoureuse, de Mouloud Hamrouche, la semaine dernière, a fait l'effet d'une onde de choc. Elle a suscité une réaction dans la société en ce qu'elle a permis d'installer de nouveaux termes de débat. Comme elle n'a probablement pas manqué, par ailleurs, de précipiter les événements à l'intérieur du régime. Un message présidentiel appelant à la «cessation des hostilités» le lendemain, suivi aussitôt de l'annonce, par délégation, de la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat. Deux événements perçus comme une réplique à l'appel de l'ancien chef de gouvernement réformateur qui, faut-il le souligner, a certainement fait bouger les lignes à l'intérieur comme à l'extérieur du sérail. La déclaration de Hamrouche a sans doute cristallisé les «débats». Maintenant que Abdelaziz Bouteflika a «osé» s'engager à sa propre succession, quelle sera la réaction de Mouloud Hamrouche, lui qui a convié les différentes factions du régime à faire de la crise qui pèse lourdement sur le pays «une opportunité» pour le remettre sur la voie du changement et «éviter de nouvelles victimes» ? Fortement attendu par de larges secteurs de l'opinion publique, Mouloud Hamrouche ne compte pas en rester là. «Il est attaché à l'esprit de sa déclaration et compte demeurer dans l'équation politique nationale du moment. Il va réagir et s'exprimera dans les prochaines 48 heures pour commenter les évolutions politiques récentes et dévoiler sa position», nous a indiqué un proche de l'ancien chef de gouvernement. Pas forcément pour dire qu'il se lancera dans la bataille présidentielle, même si ses partisans et au-delà le pressent de le faire. Hamrouche apparaît manifestement comme une troisième voie en proposant les termes et les conditions d'un nouveau contrat politique pour éviter au pays la solution du pire. Face au statu quo qui semble reconduit à la faveur de l'annonce de la candidature du Président sortant, il se pose – «qu'il le veuille ou non» –comme la personnalité la mieux placée pour incarner l'amorce d'un nouveau processus, graduel et ordonné, aboutissant vers la remise du flambeau aux nouvelles générations. «Notre pays vit des moments sensibles qui vont conditionner son avenir immédiat et profiler irrémédiablement son devenir au-delà de la présidentielle, indépendamment du fait que le Président soit candidat ou pas, par l'arrivée de nouvelles générations aux postes de responsabilité», a énoncé Hamrouche dans sa déclaration. D'aucuns pensent que sa sortie s'adressait surtout aux militaires. Un militaire qui s'adresse à ses pairs. Des témoins assurent que celui qui a embrassé la Révolution dès son jeune âge jouit d'une grande estime parmi la jeune garde de l'armée. Ancien militaire reconverti en politique, le chef de file des réformateurs estime que le moment est venu de remettre «les clés de la maison Algérie» aux jeunes générations militaires et civiles. La vieille garde (militaire et civile), quant à elle, a saisi au vol la «menace» contenue dans ce message. D'où «l'arrangement précipité» entre les forces en présence à l'intérieur du pouvoir, remettant en selle l'option d'un quatrième mandat, estime un analyste. S'agit-il alors d'un accord consenti et définitif entre tous les compartiments du régime et, à ce moment-là, le rendez-vous du 17 avril prochain ne serait qu'une formalité administrative ? Ou bien serait-ce le résultat d'un consensus fragile parce qu'établi dans l'urgence ? Décisive, la réponse à toutes ces questions, qui ne saurait tarder, sera en tout cas déterminante sur les choix de Mouloud Hamrouche.