Un tribunal d'Istanbul a remis en liberté, hier, un homme d'affaires turco-iranien, Reza Zarrab, ainsi que deux fils d'ex-ministres turcs emprisonnés dans le cadre d'un scandale de corruption qui a fragilisé le régime islamo-conservateur turc, ont rapporté les chaînes de télévision. Les juges ont décidé que ces personnes, arrêtées et écrouées lors d'un vaste coup de filet anticorruption le 17 décembre dernier, provoquant une crise politique en Turquie, ne présentaient pas de risque de fuite. M. Zarrab avait été présenté par le juge d'instruction et les journaux turcs comme le suspect n°1 de l'affaire retentissante. L'immigré iranien trentenaire, selon les documents de la police, serait au cœur d'un scandale de corruption, falsification et contrebande d'or vers l'Iran, qui a entraîné l'arrestation de plusieurs dizaines de personnes, proches du régime au pouvoir, et la démission de trois ministres du gouvernement. Les fils de l'ancien ministre de l'Economie, Zafer Caglayan, et celui de l'Intérieur, Muammer Gülen, ont été libérés hier. L'arrestation de M. Zarrab et d'autres personnalités proches du premier cercle du pouvoir du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a secoué son gouvernement, qui dirige la Turquie depuis 2002, à l'aube des élections municipales de mars et de l'élection d'août. Le Premier ministre décrit l'affaire comme un complot visant directement son gouvernement et sa famille ourdi par son ex-allié, le prédicateur musulman Fethullah Gülen, à la tête d'un puissant mouvement social à base religieuse.