Après la vague d'interpellations de manifestants opposés au 4e mandat de Bouteflika, la classe politique et les associations dénoncent les intimidations du pouvoir. Pour le candidat à la présidentielle, Ali Benflis, «il est du droit du citoyen algérien d'exprimer son opinion sans qu'il fasse l'objet d'une quelconque forme de pression ou de répression». En outre, le candidat Benflis considère le droit de manifester comme partie «intégrante des droits individuels et collectifs qui constituent l'essence du projet de renouveau national, lui-même fondé sur une société des libertés et qui sera soumis à l'appréciation souveraine du peuple algérien à l'occasion du prochain scrutin présidentiel». Pour sa part, le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, dont six membres ont été interpellés, a également dénoncé «la conduite des policiers». Même condamnation de la part du parti Al Adala de Abdallah Djaballah, qui a dénoncé l'arrestation de deux de ses membres présents sur place. Quant au Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), le mouvement estime que «ni le chantage, ni les intimidations, ni les brutalités d'une police aux ordres et les manipulations judiciaires ne peuvent détourner les Algériennes et les Algériens de leur détermination à se réapproprier leur liberté, leur dignité et leur souveraineté confisquées depuis l'indépendance». De leurs côtés, les deux ligues des droits de l'homme ont également dénoncé cette vague d'arrestations. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), aile Me Noureddine Benissad, estime pour sa part que «ces arrestations musclées visent à empêcher des citoyennes et des citoyens à exercer leurs droits d'expression et de rassemblement pacifiques». Elles sont le signe de «pratiques qui reflètent la dégradation perpétuelle de l'état des libertés et des droits de l'homme en Algérie, malgré la levée officielle de l'état d'urgence». Alors que la LADDH, que préside Me Salah Dabouzet, dénonce le comportement du pouvoir face à cette manifestation et estime qu'«il se considère en état de guerre contre la population algérienne», la Ligue appelle également à constituer un front pour «débarrasser le pays des clans, qui entraînent le pays à la dérive». La manifestation d'hier a été organisée à la suite de l'appel lancé sur la Toile par un groupe d'opposants à un 4e mandat du président Bouteflika, comprenant notamment des journalistes et des militants des droits de l'homme.