Alors que la polémique se poursuit autour de la date, de l'ordre et du mode des prochaines élections en Tunisie, plusieurs voix insistent sur l'intérêt de commencer par la présidentielle en octobre, plus simple à réaliser, et de tenir les législatives en décembre. Tunis De notre correspondant Alors que la polémique se poursuit autour de la date, de l'ordre et du mode des prochaines élections en Tunisie, plusieurs voix insistent sur l'intérêt de commencer par la présidentielle en octobre, plus simple à réaliser, et de tenir les législatives en décembre. Le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), Chafik Sarsar, n'a cessé de répéter, depuis son élection par l'Assemblée nationale constituante (ANC), en décembre 2013, que «les dates des élections dépendent de la loi électorale». Encore faut-il que l'ANC parvienne à trancher la question de séparation ou d'association entre les législatives et la présidentielle, ainsi que celle de l'ordre des scrutins. A ce niveau, M. Sarsar précise : «Si l'on commence par la présidentielle, la période nécessaire pour sa préparation pourrait se limiter à six mois, vu que la logistique nécessaire au scrutin présidentiel est moins compliquée que pour les législatives, qui pourraient suivre après un délai raisonnable. Mais, l'ISIE n'a pas à se prononcer là-dessus. Elle va appliquer les termes de la loi électorale, telle que votée par l'ANC.» L'ISIE souhaite toutefois que cette loi soit votée dans les plus brefs délais, vu l'existence d'une obligation constitutionnelle de tenir les élections en 2014. Mais, au rythme où vont les choses à l'ANC, c'est au Dialogue national, sous la direction du quartette d'agir pour faire bouger les choses, comme ce fut avec la Constitution. Simplification de l'opération électorale Au vu du nombre élevé de bulletins nuls signalés lors des élections du 23 octobre 2011, qui ont avoisiné les 500 000, le président de l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide), Moez Bouraoui, a exprimé le souhait de «simplifier l'opération électorale, afin de faciliter la tâche aux analphabètes», principale source de la nullité des votes. Lesquels analphabètes ont constitué le cinquième des électeurs en 2011 et risquent de représenter un taux significatif parmi les électeurs cette fois-ci aussi. Le même souhait de simplification de l'opération électorale a été exprimé par l'expert constitutionnaliste, le professeur Yadh Ben Achour. Ce dernier estime que «le mieux serait de commencer par la présidentielle, qui dotera le pays d'une autorité permanente élue, à travers un scrutin simple, bien que nécessitant deux tours». Ensuite, toujours selon Pr Ben Achour, il sera facile de passer à l'étape des élections législatives. Le président de Atide est, lui aussi, favorable à l'idée de commencer par la présidentielle, plus adaptée au profil de l'électorat et du paysage électoral en Tunisie. Les propositions de Yadh Ben Achour et Moez Bouraoui disposent d'un large soutien au sein du Dialogue national, avec des partis comme Nidaa Tounes, Ettakattol, CPR et Al Joumhouri, qui défendent l'idée de commencer par la présidentielle, pour des soucis plutôt électoralistes, dans la mesure où ces partis considèrent que leurs candidats respectifs sont de potentiels locataires du palais de Carthage. Par ailleurs, les autres composantes du Front de salut national (Al Massar, le Parti des travailleurs, etc.) ne sauraient que rejoindre la position de Nidaa Tounes dans le cadre de l'harmonisation des positions au sein du Front. De ce fait, les islamistes d'Ennahdha vont se retrouver, encore une fois, seuls dans le Dialogue national à défendre la tenue en même temps des législatives et de la présidentielle. Et si l'on ajoute le fait que le prétexte d'Ennahdha sur la réduction des dépenses ne tient pas la route, vu que la tenue de scrutins simultanés va nécessiter, selon l'association Atide, d'élever le nombre de bureaux de vote de près de 9000, comme en 2011, à près de 15 000 avec un nombre conséquent de responsables et d'observateurs. Le coût serait donc plus élevé. Ainsi, les jeux semblent déjà faits concernant le rejet de la tenue simultanée des scrutins et l'on s'oriente vraisemblablement vers un consensus sur la tenue, d'abord, de l'élection présidentielle. Les deux tours pourraient se tenir en octobre 2014, soit un peu plus de six mois après l'adoption de la loi électorale, prévue d'ici fin mars. L'ISIE aura le temps de préparer ce premier scrutin. Pour ce qui est des élections législatives, elles pourraient se tenir en décembre 2014, soit près de deux mois après la présidentielle.