En préparation aux prochaines échéances électorales, le Front du salut national se prépare à se transformer en Front électoral, autour de Nidaa Tounes. Le parti Ennahdha se dirige, pour sa part, vers un nouveau cavalier «quasi seul». Tunis De notre correspondant L'opposition tunisienne est en train d'harmoniser ses positions au sein du Front du salut national, articulé autour de Nidaa Tounes. Ledit front est en cours de transformation vers un front électoral, sous l'impulsion d'Al Massar et du Parti du travail patriotique démocratique (PTPD). En guise de message de bonne intention, les partis composant le front viennent de décider de synchroniser leurs positions par rapport au projet de la loi électorale et de demander la création d'une commission chargée de superviser les prochaines élections. Ils ont proposé Kamel Jendoubi pour la présidence de ladite commission, qui veillera au contrôle de l'action de l'ISIE de Chafik Sarsar et palliera, le cas échéant, ses défaillances. Par ailleurs, les appels se multiplient en vue de transformer le Front du salut national de front politique en front électoral. «Notre front a réussi à doter le pays d'une Constitution démocratique et déloger provisoirement Ennahdha de la façade du pouvoir. Il est de notre devoir de parachever la mission en battant Ennahdha dans les urnes lors des prochaines élections», souligne le porte-parole d'Al Massar, Samir Taïeb. Al Massar est membre de l'Union pour la Tunisie, qui comprend également Nidaa Tounes, le PTPD et le Parti socialiste. Le Front du salut national est une structure réunissant l'Union pour la Tunisie avec le Front populaire et des représentants de la société civile. Concertations avancées C'est ce front qui a constitué la cheville ouvrière des grandes manifestations qui ont envahi la Tunisie, notamment les sit-in du Bardo, devant le siège de l'Assemblée nationale constituante, suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi. Ces manifestations se sont prolongées durant des mois et ont abouti à l'installation d'une logique consensuelle pour prendre les grandes décisions (Constitution, gouvernement, élections) dans le cadre du Dialogue national, dirigé par le quartette et en vertu de la feuille de route signée par la majorité des partis présents à l'ANC. «Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le Front du salut national doit continuer à jouer son rôle de porte-drapeau pour mener les démocrates à la victoire face à Ennahdha lors des prochaines élections», insiste Abderrazek Hammami, le secrétaire général du PTPD. Le politologue proche de Nidaa Tounes, Néji Jalloul, fait remarquer qu'il s'agit là d'«une prétention légitime, traduisant la crainte justifiée d'essuyer un nouvel échec semblable à celui du 23 octobre 2011, si l'opposition se présente en rangs divisés». «Toutefois, cette union forcée n'est pas évidente vu les prétentions des uns et des autres, parmi les partis composant le Front du salut, sans oublier les divergences des programmes entre des libéraux et des socialisants», attire-t-il l'attention. «Il n'est pas conseillé de faire une alliance pêle-mêle, qui risque d'exploser au premier obstacle», conclut le politologue. Le Front du salut national n'est pas le seul à bouger dans tous les sens. Les islamistes d'Ennahdha multiplient, eux aussi, leurs actions en vue de convaincre l'opinion publique de leur rôle prépondérant dans l'adoption d'une Constitution consensuelle. «Rien n'aurait pu se faire en Tunisie, sans Ennahdha», a souligné dans un meeting à Paris, l'ex-chef de gouvernement, Ali Laârayedh. Les mêmes propos sont véhiculés par les leaders d'Ennahdha, en pleine action à travers le pays. Le parti Ennahdha essaie de sortir de l'isolement où il s'est retrouvé depuis les multiples épisodes du Dialogue national. Nul n'a été convaincu par la prétendue Alliance nationale pour la réussite du processus démocratique, composée d'une dizaine de partis fantômes autour d'Ennahdha. Les islamistes continuent à se démener seuls pour reconquérir le terrain perdu lors de leur passage catastrophique au pouvoir. Un combat à couteaux tirés en perspective entre Nidaa Tounes et Ennahdha.