La Constitution de 1996 a été élaborée dans un contexte bien précis. Elle a été mise en œuvre dans le but de gérer une situation de crise. Aujourd'hui, l'Etat algérien n'est plus fragile et par conséquent le chapitre constitutionnel d'exception n'a plus lieu d'être, ce qui nous impose le passage à une autre constitution gérant l'après-crise », a déclaré Abdelaziz Belkhadem, responsable du FLN, à l'ouverture de la session extraordinaire de l'instance exécutive du FLN, tenue ce jeudi à l'hôtel Mouflon d'Or, à Alger. L'orateur a tenu à préciser, manière de remettre les pendules à l'heure, que les propositions de révision de la Constitution émises par son parti ne touchent pas uniquement la disposition ayant trait à la durée du mandat du président de la République. Celles-ci concernent aussi, a-t-il dit, la Loi fondamentale dans sa globalité. Selon lui, l'amendement de la Constitution vise à consacrer la « séparation » des pouvoirs afin de mettre un terme à la bipolarité. « Si M. Bouteflika décide de se présenter pour un troisième mandat, il aura le soutien du FLN, mais le problème ne se pose pas à ce niveau et nous n'avons jamais proposé dans notre document une présidence à vie. D'ailleurs, personne n'acceptera un président à vie, c'est insensé », a déclaré M. Belkhadem. Dans sa lancée, l'orateur fera remarquer que les propositions portées dans le document qui sera remis, avant la fin du mois, au président de la République ne limitent pas le nombre des mandats présidentiels mais les laissent ouverts. « Nous considérons que la dernière décision revient au peuple qui aura à choisir le président qu'il jugera apte sur la base d'un programme. L'amendement de la Constitution comme proposé par notre parti permet à tous les candidats de se présenter aux élections. Des élections basées essentiellement sur la transparence la plus totale où le contrôle sera de rigueur. Nous sommes pour l'égalité des chances et les citoyens doivent connaître les programmes de tous les candidats. » Le FLN prône un régime présidentiel. Ce fait a été confirmé par M. Belkhadem, en marge des travaux de cette session extraordinaire qui a vu la présence de 109 membres. Pourquoi ce choix ? L'orateur s'en défend, arguant que le régime actuel n'est pas tout a fait clair. « Nous ne sommes pas contre le régime parlementaire qui a ses points positifs et négatifs. Mais c'est un choix. Les propositions de notre formation vont dans le sens d'un régime présidentiel en Algérie, et ce, pour une définition des responsabilités et le respect de la volonté du peuple de choisir le programme qui lui convient. Nous allons soumettre nos propositions au Président et ce dernier est libre de les accepter comme telle, de les revoir ou bien de les rejeter », a souligné M. Belkhadem. Toutefois, notons que parmi les suggestions du FLN figure l'institution d'un poste de vice-président de la République ou de plusieurs vice-présidents et le poste de Premier ministre et ce « dans le but d'éviter que le pouvoir exécutif ne soit pas bicéphale ». Interrogé sur l'option du FLN quant à cette question, M. Belkhadem répondra que son parti propose que le vice-président soit désigné par le premier magistrat du pays en personne. Evoquant le pouvoir législatif, M. Belkhadem a précisé que son parti est pour le maintien de l'architecture actuelle faite de deux chambres, tout en insistant sur la nécessité de les doter de nouvelles prérogatives de contrôle, plus particulièrement en créant des commissions d'enquête surtout sur l'utilisation des deniers de l'Etat. A la question de savoir si la nouvelle constitution fait référence au jugement du Président, le premier responsable du FLN et chef du gouvernement se contentera de dire que dans l'actuelle Constitution il est mentionné dans l'un de ces articles qu'il est permis de juger le président de la République pour haute trahison. Concernant la levée de l'état d'urgence, M. Belkhadem a été catégorique ; de son avis, cette décision ne figure pas dans la Constitution puisqu'elle est beaucoup plus d'ordre politique. « C'est une question qui ne relève pas du domaine de la Constitution. L'état d'urgence est une décision politique », a affirmé le conférencier. A l'interrogation de savoir pourquoi le FLN n'a pas associé les partis de l'Alliance présidentielle (RND et MSP) quant à ce projet et s'il allait éventuellement les informer de ces propositions, le SG du FLN a précisé que le FLN n'a pas à imposer un projet aux autres partis qui ont chacun un programme à défendre et des idées à exposer. Cependant, le FLN compte remettre une copie du document aux deux formations.