La déliquescence du pouvoir d'achat, le chômage endémique et les multiples compressions des effectifs sont autant de facteurs qui ont contribué à une paupérisation rampante et réduit des pans entiers de la société à Souk Ahras à un niveau de vie lamentable. Le nombre effarant de mendiants arpentant à longueur de journée les artères principales, ceux abordant les citoyens à l'entrée des boulangeries et autres espaces commerciaux tendant la main en implorant les passants font partie depuis des années du décor de la ville. Pis, des enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge de quitter l'école affrontent seuls les aléas de la rue en quête de quelque obole. Très tôt, ces enfants désœuvrés rejoignent les hordes de délinquants à cause des mauvaises fréquentations et de la démission des parents, servant parfois eux-mêmes de modèle. Cette nouvelle vague de mendiants ne lésine jamais sur les moyens, quand la personne ciblée laisse échapper des signes d'opulence. Au lieu de quémander avec insistance, ces groupes de marginaux que l'on rencontre généralement la nuit et au petit matin peuvent facilement se transformer en agresseurs. Ceux qui s'adonnent volontairement au lavage des véhicules stationnés ou à décharger une marchandise ou encore ceux qui préfèrent le porte-à-porte pour demander du pain rassis appartiennent à une ancienne catégorie de mendiants qui demeure sans danger. Idem pour ces personnes impotentes assises le long de la rue Ouarti Abderrahmane ou celle de l'ALN lançant des formules pitoyables ou tendant simplement la main pendant des heures sans jamais désespérer de voir passer une âme charitable. Les enfants en bas âge qui vous collent aux basques jusqu'à ce que soit exaucé leur vœu. Les personnes séniles qui arrivent à peine à parler mais qui sortent quand même demander assistance et les adolescents déguenillés mais non encore effleurés par le vice sont l'expression d'un malaise social certain à Souk Ahras, que ni les euphémismes ni les discours grandioses n'arriveront à « maquiller ».