Pour un statut décent, les travailleurs du nucléaire menacent de recourir à un débrayage, après plusieurs sit-in tenus ces derniers mois. Plus de 150 travailleurs et chercheurs des différents centres de recherche nucléaire ont tenu hier un rassemblement devant le Commissariat à l'énergie atomique (Comena) à Alger pour réclamer «un statut décent». Ils menacent d'ailleurs d'entamer une grève ouverte à partir de demain. Issus des différentes structures de ces centres, les ingénieurs et autres catégories de la recherche et de l'exploitation ont exprimé leur indignation pour l'humiliation qu'ils subissent depuis des années. La précarité de ces professionnels, qui font fonctionner les différents centres de recherche nucléaire, dont Birine et Draria, relève de l'absence d'un texte régissant ce secteur. Un ingénieur de l'exploitation d'un de ces centres explique que son salaire ne dépasse pas 35 000 DA, alors qu'un député de l'APN touche presque dix fois plus. Scandaleux. «A travers ce mouvement de protestation, nous réitérons notre appel à la promulgation de notre statut particulier qui demeure notre revendication principale», explique un des représentants des travailleurs. Les protestataires dénoncent le black-out maintenu autour du projet de statut. «Nous avons eu des échos de l'évolution de ce dossier relevant directement de la présidence de la République. Une note d'information émanant de la direction générale en date du 18 décembre 2013 précise que le projet de statut spécifique des personnels du Comena était finalisé et a été transmis aux autorités concernées», explique Laouar Sofiane, représentant des travailleurs. «Nous sommes régis par des dispositions provisoires et illégales, dégradantes et obsolètes. La situation est intenable. Le blocage de plus de 15 ans de notre statut coince nos carrières et fait perdurer la précarité dans notre vie socioprofessionnelle», expliquent plusieurs protestataires. «A ce jour aucune décision concrète n'a traduit cette évolution, concernant nos salaires ou notre carrière», expliquent des ingénieurs qui rappellent que plusieurs actions de protestation, des sit-in et des grèves ont été observés ces derniers mois, sans que les autorités libèrent le fameux document. Les travailleurs du nucléaire attendent, de ce document, une amélioration de leur pouvoir d'achat. L'absence des plans de carrière accentue la précarité. «C'est humiliant pour un ingénieur qui a passé tant d'années d'études dans le nucléaire d'être classé dans les meilleurs des cas dans la 11 (l'ancien grade d'un maître d'école primaire). C'est intenable, vu la responsabilité que nous assumons», tonne un protestataire.