L'écrivain et linguiste Abdenour Abdeslam a animé, la semaine dernière, une conférence-débat traitant de l'œuvre de l'écrivain, linguiste, anthropologue et ethnologue Mouloud Mammeri à la maison de jeunes d'Akbou, à l'occasion de la commémoration du 25e anniversaire de sa disparition. Avant d'entrer dans le vif du thème le réveil d'Arezki dans le Sommeil du juste, l'invité de l'Etoile culturelle a rappelé aux présents dans la salle l'éveil précoce de Mammeri quant à la question identitaire amazighe. «L'atelier où restaurait les armes à feu Da Salem, son père, aura été sans conteste la meilleure école de langue maternelle pour Mouloud Mammeri. A dix ans, il y apprenait, en prêtant l'oreille aux paysans, une langue qu'on ne lui enseignait pas à l'école coloniale d'Ath Yenni. Ce détail de taille a aiguisé sa curiosité tout au long de son cursus scolaire. Il dénoncera à maintes reprises la discrimination dont il a été, lui-même, victime par rapport aux français de souche et fera de la revendication identitaire son cheval de bataille», fera remarquer l'orateur. Comment se fait-il que Mammeri n'a écrit que quatre romans tout au long de sa vie ? «Parce que l'écriture n'est tout simplement pas son métier. Il intervient lorsque la situation l'exige pour que le monde entier sache que l'Algérie existe. Il campera le rôle des personnages d'Arezki dans le Sommeil du juste, de Mokrane dans la Colline oubliée, de Bachir, le toubib, dans L'opium et le bâton et de Mourad dans la Traversée. Des rôles autobiographiques pour dénoncer l'injustice des colons contre les autochtones et, après l'indépendance, d'algériens contres les algériens», répond le conférencier en faisant remarquer que le roman Le Sommeil du juste a été traduit dans dix sept langues. M. Abdeslam rappellera que Tamazight a, aujourd'hui, des ennemis à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il citera l'exemple d'un pays arabe dont le prince a proposé, en 2012, deux milliards de dollars à Microsoft pour que Tamazight ne soit pas intégrée dans Windows 8. «Une somme d'argent dont les palestiniens, les frères dudit Prince, auraient bien besoin», ironise-t-il. Le tribun affirmera que «l'officialisation de Tamazight n'est qu'une question de jours mais Il ne faut pas, toutefois, tomber dans le piège marocain dont la Constitution stipule que Tamazight sera officielle et que, quatre ans après, elle ne l'est toujours pas». Rappelons que Mouloud Mammeri a perdu la vie le 26 février 1989 dans un accident de voiture survenu à Aïn-Defla en revenant du Maroc où il a participé à un colloque sur la littérature, organisé à l'université d'Oujda.