Le roi est désormais nu. Les éléments du puzzle de la reconduction du système bouteflikien se mettent en place les uns après les autres. Tout est préparé et prémédité de longue date. Le voile impudique du faux suspense entretenu par le pouvoir, d'abord sur la candidature de Bouteflika et ensuite sur les contours politiques de l'an IV du règne de Bouteflika, se lève dans toute sa laideur. La particularité de ce nouveau mandat de Bouteflika réside dans le fait qu'en plus de la fraude annoncée, comme de coutume, qui a déjà commencé avant le scrutin, il y a tromperie sur la marchandise. On s'apprête à vendre aux Algériens une marchandise douteuse. Du «deux en un». La réélection de Bouteflika qu'on cherche à imposer par tous les moyens, même au prix d'un affrontement fratricide entre pro et anti-Bouteflika, combinée à une succession avant l'heure. Derrière la reconduction de Bouteflika qui n'est qu'un élément de la transition politique (généalogique ?) «maison», qui se prépare dans les sphères du pouvoir, se profile clairement la feuille de route élaborée dans les laboratoires du système. Le rappel des deux réservistes de «l'armée bouteflikienne», Ouyahia et Belkhadem qui ont travaillé à ses côtés en tant que chefs de gouvernement avant d'être chassés de l'Exécutif par la petite porte, n'a surpris que ceux qui ne connaissent pas les réalités du pouvoir en Algérie. Le scénario évoqué par certains d'une succession à Bouteflika qui se ferait sous son aile et avec lui, à travers la mise en place du poste de vice-président, ne relève désormais plus de simples supputations d'analystes malveillants. La cause semble en effet entendue et le choix sur le successeur de Bouteflika apparaît au grand jour. La nomination d'Ouyahia au poste stratégique de directeur de cabinet à la présidence de la République avec un rang «ennoblissant» de ministre d'Etat s'inscrit dans cette trajectoire. La boucle est ainsi bouclée. L'option Sellal qui avait un temps fait illusion semble avoir été écartée. Quant à l'énigme du repêchage de Belkhadem qui avait fait, à travers son départ précipité du FLN, les frais de la feuille de route du clan de Bouteflika dans la perspective de la présidentielle du 17 avril prochain, elle pourrait avoir une autre explication. Sa nomination dans la cour de Bouteflika ne semble obéir à rien d'autre qu'à une volonté de neutraliser l'ancien secrétaire général du FLN qui dispose encore de soutiens d'une aile du parti. La carte d'Ouyahia apparaît par conséquent comme une option par défaut. Elle traduit toute la difficulté du pouvoir de trouver un successeur à Bouteflika apte à garantir, sans condition, les intérêts du clan du système. Hamrouche aurait pu être cette perle recherchée par le système s'il n'avait pas commis «l'outrage» d'appeler à la mise en place d'une période de transition politique, prélude au démantèlement du système.