Les 90 handicapés de l'entreprise publique d'insertion des handicapés (EPIH), qui fabrique les balais, vivent dans la même précarité depuis plusieurs mois. Pour y remédier, ils réclament « qu'on s'occupe un peu d'eux. » « Les entreprises d'insertion, un modèle de développement durable », a été, durant longtemps, le slogan qui a motivé la création de ces entreprises d'insertion des catégories sociales vulnérables. Parmi ces entreprises qui activent à Oran, la situation de l'EPIH résume peut être tout le désarroi que vivent ces catégories sociales fragiles. Spécialisée dans la fabrication des balais, cette unité est toujours considérée comme une goutte d'eau pour l'insertion locale des personnes en difficulté physique. Mais, c'est en même temps un atout non négligeable pour les plus démunis. Pour un des salariés de l'EPIH : « Ces entreprises d'insertion sont censées mettre l'Homme au cœur de leurs préoccupations. Elles expérimentent un modèle durable de développement, mais, nous sommes loin de ce cas en Algérie. » Ce salarié veut convaincre les élus locaux de l'intérêt de soutenir cette démarche. « En nous aidant, ils s'aident eux-mêmes. Un dinar donné à une entreprise d'insertion, c'est 3 dinars en retour », estime-t-il. Ces salariés regrettent que « l'action de l'Etat et des élus locaux, en liaison avec les intervenants sociaux, reste trop ponctuelle. » Et d'expliquer : « Avoir son salaire à la fin du mois, relève trop souvent du parcours du combattant. Nous avons besoin de plus de stabilité pour pouvoir travailler sur la durée. » Ces salariés sont montés au créneau pour réclamer le versement de plusieurs mois d'arriérés de salaires. Cette insécurité financière, les entreprises d'insertion la vivent concrètement. Pour ces handicapés, « l'Etat s'était engagé à augmenter le nombre de postes d'insertion mais il a de la peine à tenir sa parole. » Ces salariés constatent la persistance des difficultés : « Cette passivité des pouvoirs publics va encore fragiliser nos entreprises. » Ces difficultés, que connaît le secteur des entreprises d'insertion, ont contraint ces dernières à arrêter de créer des emplois.