L'affaire de l'avocat du barreau d'Alger, Me Mohcine Amara, fait l'effet d'un séisme dans la corporation des robes noires. En détention provisoire depuis jeudi dernier, il est poursuivi pour injure contre la personne du bâtonnier d'Alger, à la suite d'une altercation, dans la matinée de mardi dernier. Dans une déclaration rendue publique, son avocat maître Mokrane Aït Larbi a dénoncé, avec virulence, «les violations» de la procédure en matière d'arrestation, de présentation et mise sous mandat de dépôt par le parquet de Sidi M'hamed près la cour d'Alger. L'avocat commence par planter le décor en revenant sur les circonstances de cette affaire. Il déclare : «Pour ‘‘injures'' contre la personne de Monsieur le bâtonnier, maître Amara Mohcine a été arrêté, sur instruction du parquet, à son domicile, à Alger, le 11 mars à 22h, placé en garde à vue au commissariat puis présenté devant le parquet d'Alger le lendemain à 9h. L'avocat a passé toute la journée dans une cellule au palais de justice avec les détenus de droit commun et en fin d'après-midi, il a été placé en détention à la prison de Serkadji.» Me Aït Larbi ajoute : «Sans aborder le fond, car les faits sont internes à la profession, l'intéressé doit répondre devant le conseil de discipline et c'est ma position, et dans le pire des cas devant la justice par citation directe.» L'avocat souligne que «l'arrestation d'une personne à son domicile à 22h est une violation de la loi, que dire s'il s'agit d'un avocat ? Et le placement d'un avocat dans une cellule au palais de justice avec les droits communs est une atteinte à l'honneur et la considération de la profession». Pour cela, Me Aït Larbi estime que «la question ne concerne pas un avocat mais la profession». Devant cette situation, il lance un appel «urgent à tous les avocats et militants des droits de l'homme ainsi que les ONG nationales et internationales à se mobiliser pour la libération de notre confrère dans les plus brefs délais», précisant que les faits reprochés à Me Amara restent du ressort de la commission de discipline du barreau d'Alger, dont les membres sont les seuls habilités à trancher selon la loi et les règles de déontologie. Réagissant aux propos de Me Mokrane Ait Larbi, le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini, déclare que l'avocat Amara Mohcine, «a commis non pas des erreurs passibles de la commission de discipline, mais plutôt une agression et des propos délictuels, contre le bâtonnier en tant qu'institution et non pas en tant que personne. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai déposé contre lui une plainte pour outrage et violence physique auprès du parquet d'Alger. Ces actes sont répréhensibles au même titre que ceux commis contre un magistrat en fonction…».