Le constat alarmant de l'état des bâtisses de la vieille ville a été le principal fait retenu lors de la rencontre sur la revalorisation du patrimoine de la Médina, abrité récemment par la Médersa, (à la rue Larbi Ben M'hidi). « Alors que la partie basse de Souika est perdue à jamais, il est urgent d'entamer une réhabilitation des maisons qui peuvent être sauvées dans les quartiers de la haute Souika, Sidi Djeliss, la Casbah, Rabaine Chérif et Rahbet Essouf », nous dira un participant à cette rencontre. Selon une étude réalisée par le bureau d'architecture et d'urbanisme Urbaco en 1984, renforcée par une enquête sur site effectuée par les membres de la cellule de réhabilitation de la vieille ville, à partir de 2004, le taux de dégradation des bâtisses a atteint un seuil alarmant. « 25 % du tissu urbain de la vieille ville est déjà en ruine, 22 % des maisons sont menacées alors que 35 % des bâtisses sont dans un état médiocre, et seulement 18 % des constructions sont dans un état jugé bon », lit-on dans un rapport établi par Souad Haouari, ingénieur d'Etat en aménagement urbain et membre de la cellule de réhabilitation de la vieille ville. Ledit document précise surtout que les premiers effondrements d'îlots entiers ont été enregistrés dans les années 1980, où le taux a atteint 17 %. « Des maisons portées sur le fichier de l'APC entre 1988 et 2001 comme étant en bon état sont actuellement en ruine ou menacées », précise notre interlocutrice. Si l'abandon des maisons par leurs propriétaires, le manque d'entretien, la vétusté du réseau d'assainissement et la destruction d'un nombre important de bâtisses par les locataires eux-mêmes pour l'acquisition d'un logement neuf, ont été parmi les facteurs de dégradation cités, les vagues de démolitions mal exécutées par les autorités ont été mises à l'index puisqu'elles ont conduit inévitablement à la déstabilisation des maisons mitoyennes. Le lancement des projets de réhabilitation au mois d'avril dernier des bâtisses sises au n°12, 12 bis, 19, 19 bis de la rue Mellah Slimane a révélé un état de dégradation très avancé, chose qui a nécessité l'adoption d'un plan spécial consistant au démontage et au remontage des maisons pierre par pierre, selon les précisions des spécialistes de la cellule de réhabilitation. Une opération pour laquelle la wilaya de Constantine a fait appel aux services des urbanistes de Ghardaïa pour s'inspirer de leur expérience dans ce domaine. On apprendra par ailleurs que deux autres projets viennent d'être lancés il y a quelques semaines pour toucher la maison située au n° 28 de la rue Abdellah Bey, plus connue par Dar El Mezabi, alors qu'un projet-pilote aura pour cible quatre autres maisons à la rue Mellah Slimane, une bâtisse à la rue Abdesslam Bekhouche et deux habitations à la rue Saïd Bentchicou, dans le quartier de Chatt. Si les choses semblent s'accélérer au niveau de la cellule de sauvegarde de la vieille ville pour rattraper le temps perdu, seule l'adoption, par le ministère de la culture, du plan de sauvegarde et de mise en valeur des sites classés patrimoine national, toujours en étude, assurera une plus grande mobilité pour les spécialistes. « Ce sera le meilleur support législatif qui nous permettra d'intervenir sur n'importe quelle bâtisse menacée dans la vieille ville et éviter ainsi les longues procédures administratives », conclura Souad Haouari.