Leurs revendications sont la poursuite en justice de Abdelmalek Sellal pour injure raciste et le boycott de l'élection présidentielle. Une cinquantaine de manifestants ont tenu, hier matin, un sit-in devant l'université Hadj Lakhdar de Batna. Il s'agit, pour la majorité, d'habitants de la commune de Merouana qui se sont déplacés au chef-lieu de wilaya pour faire entendre leurs revendications. Quelques rares étudiants se sont joints à eux. Le mouvement Nasr Awras Amoqran est à l'origine de cette manifestation. Un communiqué, dont nous détenons une copie, a été lu par l'un des représentants de ce mouvement qui se dit «citoyen et sans couleur politique». Les deux premières revendications sont la poursuite en justice de Abdelmalek Sellal pour injure raciste et le boycott de l'élection présidentielle. Pour les autres points mentionnés, la cause amazighe est prédominante. Un nombre considérable d'agents de la sûreté de wilaya ont été rapidement dépêchés sur les lieux. Les protestataires se sont dispersés vers midi. Par ailleurs, des véhicules et des agents de police ont été remarqués aux deux entrées de l'université de Batna. Selon une source bien informée, c'est suite à l'appel des 25 enseignants de l'université Alger II à l'ensemble de la «famille universitaire» de tout le pays à se joindre à leur mouvement que ce dispositif sécuritaire a été mis en place. Pour leur part, les universitaires de Batna se sont abstenus de toute démarche contestataire. L'ensemble des hameaux d'Ouled Moussa, dans la daïra d'Arris, étaient représentés hier dans le rassemblement de protestation contre les propos du directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika. Le mouvement B'zayed était également présent sur ce haut lieu de la guerre de Libération, où se dresse la stèle commémorant la réunion qui a décidé le déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme français. Arris s'insurge Quelque 300 personnes ont scandé des mots d'ordre hostiles au pouvoir alors que des intervenants se succédaient à la tribune libre érigée à l'occasion. «Ulac s'mah, ulac», criait-on. D'autres slogans ont aussi été scandés. La fille de Mostefa Ben Boulaïd, avec un petit groupe, était sur les lieux et tentait de défendre la candidature de Bouteflika. Des jeunes en colère l'ont empêchée d'intervenir, l'un d'eux lui a lancé qu'elle n'a pas l'exclusivité de descendante de chahid, car la plupart des personnes présentes sur les lieux ont cette qualité. Des personnes âgées ont dû intervenir et lui demander de partir, dans le but bien sûr d'éviter toute dérive. La manifestation s'est terminée par la lecture d'un communiqué rappelant le choix du lieu historique pour dénoncer les «bassesses d'un haut responsable de l'Etat qui a visé les origines du peuple algérien et le rabaissement immoral des Chaouis». Des centaines de citoyens ont par ailleurs battu le pavé, hier, à Khenchela, en réaction aux propos jugés «attentatoires à l'honneur légendaire des Chaouis». Les manifestants se sont rassemblés sur la place Abbas Laghrour, au centre-ville de Khenchela pour exiger des excuses solennelles, voire la traduction de Abdelmalek Sellal devant la justice. Des centaines de mécontents ont brandi des banderoles portant des slogans contre Sellal mais aussi contre le 4e mandat de Bouteflika. Hier, et au moment où se tenait la grande manifestation anti-Sellal, un émissaire du pouvoir, l'ancien secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, Belkacem Mellah, recevait des notables et des membres de la société civile proches de l'administration. Les conciliabules se sont tenus dans un hôtel appartenant au responsable local du RND et situé dans la commune de Hama, près de Khenchela.