La marche de protestation, placée sous le slogan "Dha khanfouf" (le nez), initialement prévue aujourd'hui à partir de 11h du matin, à Batna, a finalement été ajournée. À la place, il y aura un sit-in devant le palais de justice. C'est ce que nous a déclaré, hier en fin d'après-midi, Achoura Fateh, représentant des Âarouch à Batna. Les raisons de ce report sont liées, toujours selon notre interlocuteur, à des impératifs sécuritaires. "Notre démarche est purement citoyenne, nous avons décidé d'ajourner la marche, car nous refusons que notre mouvement soit politisé ou récupéré par une quelconque partie pour des raisons qui ne servent pas la cause", nous dira M. Achoura. À cet effet, les initiateurs du mouvement ont mené un travail titanesque pour mobiliser les habitants de la région des Aurès. Des représentants du mouvement des aârouch de Batna, Oum El- Bouaghi et Khenchela, des membres d'associations civiles et des leaders d'organisations estudiantines ont lancé un appel aux "Chaouis", lors de la réunion qui s'est tenue, lundi, à Batna. Les organisateurs veulent à travers cette grande action de protestation, exprimer leur révolte contre les propos tenus par Abdelmalek Sellal, ex-Premier ministre et actuel directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika à l'encontre des Chaouis : "Vous savez ce qu'on dit à Constantine ? Chaoui hacha rezk Rabbi". L'un des organisateurs de la manifestation nous dira au sujet de cette action que "le service d'ordre sera là". Pour sa part, Toufik Rouabeh, membre d'une association, se veut rassurant : "Il n'y a aucun risque de dérapage. Ce sera pour nous l'occasion de donner une leçon de civisme à Abdelmalek Sellal. Si Sellal était un citoyen ordinaire et avait tenu ces propos, on dirait de lui qu'il est manipulé". Notre interlocuteur ajoutera qu'"avec cette blague, Sellal a porté atteinte à la dignité d'une région importante d'Algérie". Concernant les excuses présentées par l'ex-Premier ministre, notre interlocuteur dira tout simplement qu'ils ne les acceptent pas. De son côté, Fateh Achoura exclut d'être manipulé par un parti politique ou par un candidat politique. "Les partis politiques regroupés ne font même pas 1% de la popularité que détient le mouvement des aârouch. Celui-ci ne se dissout pas dans les formations politiques mais plutôt l'inverse", dira-t-il. Plus loin, notre interlocuteur rappellera que "le mouvement des Âarouch qui active depuis 2001, a formulé des revendications sociales et culturelles, à leur tête l'institutionnalisation de la langue amazighe en tant que langue nationale". Il faut savoir que des centaines de militants ont répondu, hier matin, à l'appel d'un communiqué collectif des aârouch, où ils ont tenu un rassemblement pas loin de l'entrée académique de l'université de Batna. Ils ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Ya Amirouche ya El-Haoues El-Djazaïr mahiche labass", "Non au quatrième mandat", "Aux noms des martyrs, pouvoir dégage...." Un communiqué a été lu à l'assistance dans lequel ils rejettent les excuses de Sellal et exigent la prise en charge des malades de T'Kout (tailleurs de pierres dont le nombre des victimes a atteint 114). Comme ils n'ont pas manqué de dénoncer les tentatives de manipulation du mouvement, en créant des Âarouch parallèles comme c'était le cas en 2001 en Kabylie. Signalons, par ailleurs, qu'à Khenchela, des dizaines de citoyens venant de divers horizons politiques et des représentants du mouvement associatif, des écrivains et des journalistes ont observé, hier matin, un sit-in à la place des Martyrs, devant la statue de Abbès Laghrour, pour exprimer leur indignation. Ils ont brandi des banderoles où était inscrit : "Non à la Hogra", "Non au régionalisme", dénonçant les propos de Sellal. Les manifestants ont scandé "Sellal dégage", "Oulech smeh". L. MESSAOUDI/R. Hamatou/Z. M. Nom Adresse email