L'administration de l'université de Constantine vient de débloquer les salaires des rares enseignants qui n'ont pas émargé au mouvement de grève, contrairement aux grévistes qui n'auront rien ce mois-ci. L'information a fait le tour, hier, des rangs de ces derniers durant l'assemblée quotidienne tenue cette fois dans le sous-sol du bloc des sciences. De quoi ajouter à l'indignation des centaines d'enseignants participant à l'AG, révoltés par le silence prolongé de la tutelle et le dérapage qui prend forme à Constantine à cause des incidents qui ne se comptent plus. Interdiction faite aux grévistes d'accéder à leurs bureaux, menaces et intimidations contre les étudiants qui affichent leur soutien aux grévistes, notamment à travers les nombreuses pétitions adressées à l'administration et surtout les actes de violence enregistrés au campus Ali Mendjeli. Selon une professeur de chimie et membre du comité, neuf étudiants en littérature française ont pris part hier à un examen sur un ensemble de 12 groupes à raison de 40 éléments par groupe. Dans un communiqué rédigé hier par le comité de gestion de la grève, les animateurs ont dénoncé l'entêtement de l'administration à vouloir organiser les contrôles vaille que vaille : « En pédagogues responsables, nous refusons catégoriquement les conditions antipédagogiques dans lesquelles se sont tenus les rares contrôles que l'administration a réussi à imposer aux étudiants : non-information sur la date et le lieu des contrôles, remplacement de dernière minute d'un contrôle par un autre, sujets d'examens communiqués par téléphone à l'administration, absence de la majorité des étudiants, intimidations et menaces par les chefs de département contre les étudiants qui refusent d'effectuer les contrôles, surveillance assurée par des administratifs, des étudiants post-gradués, des agents de sécurité et même par des extra-universitaires, promesse de réussite systématique pour les étudiants qui acceptent de faire les contrôles, l'examen devenant une simple formalité. » Par ailleurs, les récurrentes décisions de report des examens faites par l'administration sont considérées comme nulles par les grévistes qui dénoncent également « les simulacres de conseils pédagogiques tenus en l'absence des enseignants ». A l'université de Constantine, qui compte plus de 70 000 étudiants, même la prorogation faite par le ministre jusqu'au 15 juillet n'aura aucun sens techniquement parlant, estiment les grévistes.