Corruption, attribution frauduleuse de marchés publics, cherté des matériaux de construction et absence de contrôle sont les conséquences de cette non- qualité dans la construction. Décidément, la non- qualité dans la construction et le non respect de l'environnement est généralisée en Algérie. Corruption, attribution frauduleuse de marchés publics, gré- à gré, cherté de matériaux de construction et absence de contrôle sont les conséquences de cette non -qualité dans la construction. Dans le souci de faire face à cette situation, des experts, économistes et architectes ont pris part à deux journées d'étude organisées, le week end dernier, au centre des sports et loisirs de Tikjda. Les différents intervenants étaient unanimes à confirmer cet état de fait en affirmant que la qualité de construction notamment dans le domaine de l'habitat n'était pas toujours au rendez-vous. Parmi les intervenants, l'économiste Mourad Ouchichi, professeur à l'université de Bejaia qui n'a pas manqué de fustiger les pouvoirs publics qui, de son avis, sont les seuls responsables de cette non- qualité. «Tous les secteurs souffrent de la non- qualité», dira-t-il. Dans le secteur du bâtiment, le non-respect des techniques de construction est dû essentiellement au manque de contrôle, le non respect des orientations techniques contenues dans les cahiers des charges, accentué par la précipitation dans la réalisation d'un nombre important de constructions dans un laps de temps très court. Pour Mourad Ouchichi, le mode de passation des marchés suivant la formule la plus simple, gré à gré, les cahiers des charge à la carte… ainsi que la complicité de l'administration et l'impunité, ont toujours connu un mauvais résultat. «Il ne peut y avoir de progrès sans changement du mode de gouvernance», assène t-il avant de rappeler que «l'économie algérienne est plus que jamais rentière et le système du pouvoir est foncièrement autoritaire». Selon lui : «se maintenir au pouvoir quelque soit le prix et afin de consolider sa base sociale loin de toute légitimité électorale, le régime érige la corruption, la cooptation et le clientélisme comme mode de gouvernance. Les conséquences du couple infernal rente / corruption généralisée se manifestent sur le plan économique par le sous développement et l'absence de normes et de qualité». Toujours dans le même domaine, le conférencier explique que ce secteur est «par excellence le lieu ou se manifeste les perversions du système politico-économique. Ceci à travers des mécanismes et des combines mêlant les pouvoirs publics et leurs clientèles directes mêlant des entrepreneurs véreux, des bureaux d'étude complices …» D'autres intervenants ont dressé un tableau noir de la situation du secteur de bâtiment du pays. «On assiste, au contraire, à la réalisation dans la précipitation sans se soucier du respect des règles de l'art, ni dans la conception, ni lors de la réalisation, ni même pendant la période d'exploitation. Ce qui a généré l'actuel gâchis en matière de qualité.», a affirmé un participant qui a expliqué que la non-maturation des projets, le manque de rigueur dans la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'œuvre, l'incompétence, la bureaucratie… forment ainsi un environnement favorable à la production de la non-qualité. Des solutions ont été proposées. Les architectes et autres spécialistes ayant pris part à ce séminaire ont préconisé des solutions, et ce, en évitant la précipitation dans le lancement des projets et donner le temps nécessaire à la maturation des projets en respectant la réglementation en vigueur. Bannir le recours abusif aux dérogations en matière d'étude et réalisation, et ce conformément à l'article 18 de la réglementation des marchés publics. Par ailleurs, les spécialistes demandent l'association des différents partenaires dans l'élaboration des cahiers de charges, élaborer les textes réglementaires régissant la maîtrise d'ouvrage et les rapports entre les différents intervenants dans le domaine de la construction et de l'urbanisme.