Hormis le président-candidat, les cinq autres compétiteurs disposent de trois semaines pour tenter de convaincre que l'élection du 17 avril n'est pas jouée d'avance. Coup de starter ! La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril prochain débutera aujourd'hui. Les candidats en lice disposent désormais de 20 jours pour expliquer leurs programmes respectifs et tenter de convaincre les électeurs à se rendre aux urnes le jour J. C'est leur premier objectif. Mais la tâche ne sera pas du tout facile pour eux. Et pour cause, le contexte particulier dans lequel intervient cette élection. Une élection qualifiée de «fermée», qui continue de susciter polémique, contestation et… rejet dans la société comme au sein de la classe politique nationale. En effet, la scène nationale bouillonne depuis le début de l'année en cours. La colère citoyenne a pris de l'ampleur avec la confirmation de la candidature à un 4e mandat du président Bouteflika, en dépit de sa maladie et de son handicap physique. Cette dernière a provoqué un retrait en cascade des candidats à la candidature et la naissance de mouvements de contestation de ce 4e mandat qui fédère pratiquement toutes les couches de la société : journalistes, universitaires, avocats, militants des droits de l'homme… Séparément ou sous la tutelle d'organisations autonomes, à l'instar du mouvement Barakat, des citoyens dénoncent le «coup de force» contre la démocratie et l'alternance au pouvoir qui en sont les premiers principes. Malgré la répression et la désinformation, le mouvement gagne du terrain et se renforce à mesure que le rendez-vous présidentiel approche. La gravité de la situation a contraint même d'anciens hauts responsables à sortir de leur mutisme pour alerter l'opinion sur la nécessité du changement. Le dernier à avoir lancé son message est l'ancien président Liamine Zeroual, qui a qualifié la prochaine élection de «dernière chance» pour le pays. L'ex-Président a critiqué la révision de la Constitution en 2008 qui a supprimé la limitation des mandats présidentiels à deux et a appelé, par la même occasion, à un «consensus national». Avant lui, l'ancien chef de gouvernement réformateur, Mouloud Hamrouche, a plaidé également pour un consensus national pour un changement du système. En outre, la présidentielle de 2014 est rejetée par la majorité des partis traditionnels. Et c'est une première depuis l'avènement du pluralisme politique en Algérie. Alors que le FFS a opté pour la non-participation, plusieurs autres partis ont constitué un front de boycott qui mène, depuis quelques jours, des actions de terrain pour un rejet massif d'une élection dont «les garanties de transparence sont totalement absentes». Les maladresses des partisans du président-candidat ont également ouvert un nouveau front de contestation qui risque de peser dans cette joute électorale. C'est à tous ces paramètres que vont être confrontés les candidats à cette course au palais d'El Mouradia. Surtout pour les cinq concurrents de Abdelaziz Bouteflika, en l'occurrence Ali Benflis, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne, Moussa Touati et Abdelaziz Belaïd. Les écueils seront nombreux pour eux : manque de moyens matériels et autres contraintes techniques qui les empêcheront de faire le tour du pays pour rencontrer leurs supporters. Si le président-candidat, qui ne fera pas personnellement sa propre campagne, bénéficie déjà de toute la machine de l'Etat mise en branle en sa faveur, ses concurrents ne devront compter que sur leurs propres moyens et l'engagement de leurs militants et partisans. Le déséquilibre de la campagne sera très visible. Les partisans du 4e mandat ont déjà constitué une armée, composée de ministres en exercice, d'anciens ministres et de chefs de parti au pouvoir qui sillonneront pratiquement tout le territoire national. Ils animeront plus d'une centaine de meetings, en plus des importants moyens de communication mis en place pour soutenir leur campagne. En termes de moyens, seul Ali Benflis est en mesure de rivaliser avec l'équipe de Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier a prévu de sillonner pratiquement toutes les wilayas. Pour leur part, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati comptent sur leur expérience en matière de participation aux scrutins présidentiels (ils ont pris part aux trois dernières élections) pour gérer cette campagne et tenter de gagner plus de voix. Pour sa première participation, Abdelaziz Belaïd veut être la surprise de la présidentielle 2014, malgré le peu de moyens dont il dispose.