L'Algérie doit-elle entamer une transition énergétique vers les énergies renouvelables ? Que gagnera l'Algérie de l'offre de services proposée par l'initiative industrielle Desertec (Dii) ? Est-il intéressant pour l'Algérie de lancer un plan pour faire passer la part des énergies renouvelables de moins 1% actuellement à 40% de l'offre d'électricité en 2030 ? Sonelgaz avait-elle raison de parapher, fin 2011, un accord de coopération avec le consortium Dii visant à accompagner par son expertise «la fabrication, l'installation et l'exploitation des énergies renouvelables» ? Le mégaprojet Desertec consiste en la production des énergies renouvelables dans les déserts. Le consortium Dii, qui regroupe 54 actionnaires et partenaires (des opérateurs européens de l'énergie et de la finance) issus de 15 pays se propose d'être facilitateur et accompagnateur des projets portant sur les technologies éoliennes, photovoltaïques et solaires thermiques (CSP). Sonelgaz est le développeur des projets et Dii «apporte son expertise en développant un dossier commercial viable pour ces projets». Des projets inscrits dans le fameux plan (11 fois plus ambitieux que son homologue marocain) qui mise sur l'exportation de 10 gigawatts (soit l'équivalent du quart de la consommation domestique actuelle) sur un total de production de 22 gigawatts d'électricité verte en 2030. L'électricité verte produite devra bénéficier à court terme à l'Algérie qui en a besoin, Dii devra apporter son savoir-faire en matière de formation sur les énergies renouvelables pour concrétiser le transfert de compétences. Le projet Desertec promet en effet de «favoriser le développement d'industries locales, la création d'emplois, un transfert de connaissances et impulser la croissance économique». Mais, pour cela, rien n'est cédé gratuitement. La garantie d'un transfert de technologie est à transcrire dans les appels d'offres. Il faudra aussi attirer les investissements dans la fabrication des composants. Dans un premier temps, Dii et ses partenaires en Afrique du Nord travaillent sur trois projets pilotes de production d'électricité renouvelable en Afrique du Nord. Le premier est le fruit d'un partenariat avec Sonelgaz pour produire 1 GW dont 90% seront destinés à l'exportation et 10% à la consommation domestique. Le consortium transnational a aussi paraphé des accords avec deux partenaires au Maroc et en Tunisie pour produire respectivement 500 MW et 1 GW. Une fois ces projets opérationnels, Dii table sur la mise en place d'un système électrique intégré dans la zone EUMENA. Une intégration qui nécessite une coûteuse interconnexion pour pouvoir déployer un bouquet énergétique se composant de 9% de gaz naturel et de 91% d'énergies renouvelables (dont l'éolien, le solaire, le solaire thermique à concentration (CSP). L'Algérie se lance ainsi dans la transition énergétique orientée vers le développement durable. Un bon exemple a été donné par la Norvège. Malgré ses réserves d'hydrocarbures, ce pays est le bon élève en termes de transition énergétique : 60% de l'énergie consommée provient du renouvelable. Avec ses 1200 centrales vertes, elle se hisse au premier rang européen et au 6e mondial en matière d'énergies écologiques.