C'est à Djelfa que le candidat Abdelaziz Belaïd a lancé sa campagne pour la présidentielle. Le candidat-surprise de cette élection n'a pas choisi cette ville par hasard ; il y a occupé son premier poste comme médecin. Mais ce choix est également dicté par des considérations politiques car le président de l'APC de la ville, Abdelbaki Harfouche, est un élu du Front El Moustakbel. Dans la salle, les sympathisants scandent «Inchallah Ya Rabi, Belaïd qualifié». «Ceux qui font mine de penser que rien ne se passe au Front El Moustakbel vont être déçus !», lance un membre du staff du candidat. La lumière baisse, puis la centaine de personnes réunies dans la salle de l'Office communal du tourisme et de la culture Zitouni Ben Ahmed sont invités à regarder un clip à la gloire du candidat. Tout y passe : le docteur Belaïd en culotte courte, mais également auscultant des malades et en compagnie des responsables qu'il a côtoyés depuis le début de sa carrière politique. Ce n'est pas encore une campagne à l'américaine, mais plus tout à fait comme ce que les candidats ont l'habitude de faire. «On veut faire une campagne moderne, qui mette en avant la jeunesse de notre candidat, explique un membre du staff. Il est important pour nous de bien souligner la différence d'âge qui sépare les candidats.» Face à un Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, et à un ancien Premier ministre, Ali Benflis, âgés tous deux de plus de 75 ans, le candidat joue sur du velours. Et il ne s'en prive pas. Le critère de l'âge et de la jeunesse est devenu l'argument principal du candidat à la présidentielle. D'ailleurs, il en use pour s'attaquer à la génération de la guerre de Libération, qu'il accuse d'avoir confisqué le pouvoir. «On a l'habitude de nous dire que nous avons encore le temps. Que l'avenir nous appartient. Je dis aujourd'hui que nous ne voulons plus attendre. Que nous voulons occuper les plus hautes fonctions maintenant. On a trop attendu», lâche Abdelaziz Belaïd. Un peu plus tard, il ajoute : «Je refuse qu'on déclare que c'est le Président qui a ramené la paix en Algérie, c'est faux. Ce sont les Algériens qui, par leurs sacrifices, ont obtenu le retour de la quiétude.» D'une voix puissante et sans jamais le nommer, le candidat décroche ses piques à l'encontre de Bouteflika, accusé d'avoir une conception totalitaire du pouvoir, mais également d'avoir bradé l'économie nationale au profit des importateurs. Pour l'ancien patron de la jeunesse algérienne (UNJA), «l'Algérie, au temps du président Boumediène, exportait des camions et des tracteurs en Afrique ; aujourd'hui, elle n'est même plus capable de fabriquer des allumettes». Par ailleurs, le candidat s'attaque aux dilapidations et exige des comptes : «L'Algérie appartient à tous les Algériens. Chacun a le droit de savoir qui a profité de l'argent dilapidé.»