Ce qui angoisse l'autre camp est le fait que des millions d'Algériens rejoignent mon projet», a déclaré, hier à Chlef, le candidat libre Ali Benflis, lors d'un meeting qu'il a animé au centre culturel de la ville, rempli comme un œuf par ses partisans. «Et vous savez à quoi ils sont décidés ? Ils vont essayer de frauder mais, cette fois-ci, vous n'allez pas laisser les voleurs s'introduire chez vous et voler vos droits», a averti le candidat qui, la veille, dans un rassemblement animé dans la wilaya d'El Oued, avait demandé la mobilisation «des citoyens pour empêcher la fraude». «Quand les voleurs vous verront prêts à défendre vos voix, ils n'approcheront pas», lance Ali Benflis à une assistance totalement acquise à sa cause. «La fraude, disait-il la veille, va aggraver la crise.» «L'Algérie nous appartient à tous», avait souligné l'ancien chef de gouvernement dans la ville des Mille Coupoles, en s'engageant résolument «à combattre la fraude». «Je ne vais pas me taire, je vais continuer le combat et la résistance par la démocratie», a insisté Ali Benflis, qui a appelé, hier à Chlef, les walis et l'administration à la neutralité lors de l'élection présidentielle du 17 avril. «La continuité de l'Etat ne peut être assurée que par la neutralité de l'administration», réitère le candidat. S'adressant aux walis, il leur dit ne pas remettre en cause leur compétence. «Je sais qu'ils sont sous pression», a souligné l'orateur, qui promet «d'élaborer un statut qui va libérer le wali, un statut qui va libérer le chef de daïra». Le candidat, qui est revenu sur certains aspects de son programme de «renouveau national», affiche carrément son opposition à «la gestion actuelle des affaires de l'Etat». «Moi je ne ramènerai pas ma famille à la Présidence ni mes proches», a tonné le candidat. Pour lui, «celui qui veut gouverner doit avoir du respect pour le peuple et la culture de l'Etat». A Sétif où il a prononcé un discours devant une foule impressionnante à la salle omnisports – pas moins de 4000 personnes ont répondu à l'appel du candidat –, Ali Benflis s'est gardé de répondre à ses adversaires qui lui volent même son programme de «projet de renouveau national» ; il affirme cependant qu'on ne gère pas le pays en insultant les Algériens du Nord au Sud. «Ce n'est pas mon éducation et ce n'est pas mon école», insiste l'orateur, qui regrette : «Quelle dégradation, quelle négation de la culture de l'Etat quand des responsables manquent de respect au peuple !» «Levez-vous et l'Algérie se lèvera avec vous», a lancé encore Ali Benflis à l'adresse des milliers de Sétifiens venus l'écouter. Se disant prêt à aller dans toutes les wilayas pour rassembler les Algériens, le candidat dénonce la «privatisation de l'Etat» et veut faire barrage à la fraude qui est devenue, selon lui, une «constante nationale». «Cette fois-ci vous ne la prendrez pas (il parle de l'élection présidentielle du 17 avril)», lance Ali Benflis à «l'autre camp». Il a appelé les Algériens à voter massivement et à surveiller les urnes, sinon, soutient-il, ce sera «d'abord le mandat à vie, puis le pouvoir par l'héritage». Le candidat, qui s'engage à ne pas se taire, a proposé à El Oued l'institution du revenu minimum national pour les jeunes conditionné par l'acceptation d'une formation professionnelle. A Chlef, Ali Benflis a promis de régler définitivement la situation des sinistrés du séisme qui avait frappé la ville en 1980. A Sétif, il s'est engagé à augmenter le taux de croissance à 7% et le volume des importations à 15% à la fin de son mandat s'il est élu.