Après de nombreuses consultations et tractations, François Hollande a fini par désigner le nouveau Premier ministre. Paris (France). De notre correspondante L'annonce a été officialisée au journal télévisé de 20 heures, dans une allocution préalablement enregistrée. Avec Manuel Valls, François Hollande a choisi l'ordre, la discipline et la fermeté. Manuel Valls a la réputation d'être un homme d'action. Il a aussi été longtemps maire d'une ville populaire. Ce choix devrait contribuer à effacer le qualificatif d'amateurisme qui a collé au gouvernement Ayrault et l'image d'un chef d'Etat indécis, mais certainement aussi un message aux électeurs des quartiers et villes populaires. Pendant plusieurs semaines, les sondages ont donné Manuel Valls favori pour remplacer Jean-Marc Ayrault. Selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France, près des trois quarts (74%) des Français ne souhaitent pas que M. Ayrault reste Premier ministre. Pour lui succéder, Manuel Valls arrive en tête (31%), loin devant Martine Aubry (17%) et Laurent Fabius (16%). Toutefois, plus qu'un changement d'hommes, c'est une réorientation de la politique gouvernementale menée jusqu'ici qui est attendue, parce qu'indispensable, mais François Hollande veut tenir le cap du Pacte de responsabilité. Et la nomination de Manuel Valls, qualifié de l'aile droite libérale et favorable au Pacte de responsabilité, confirme le maintien de ce cap. Elle rassure le patronat. Dans quelle mesure François Hollande et le nouveau chef du gouvernement tiendront-ils compte de la demande d'une plus grande justice sociale revendiquée par l'aile gauche du PS et les écologistes de la majorité gouvernementale ? Des membres de la gauche du Parti socialiste ont publié une lettre ouverte à François Hollande, appelant à un «sursaut» et à un «changement de cap». «Le Pacte de responsabilité est mort-né», estiment dans ce texte plusieurs parlementaires et membres du bureau national du parti, car il est «désormais minoritaire chez les syndicats de salariés et extrêmement coûteux pour les finances publiques».Les deux courants de l'aile gauche, les proches de Martine Aubry du courant «Gauche durable» et les responsables de la «Gauche populaire» ont donné rendez-vous aux parlementaires de tous horizons, hier soir à l'Assemblée, pour se concerter sur une alternative à ce pacte. Le Pacte de responsabilité, sur lequel François Hollande mise pour relancer l'emploi, est également pointé du doigt par les écologistes. D'autres courants du PS préconisent un simple changement de méthode et la poursuite des réformes. Ce sont ces courants qui semblent l'avoir emporté hier soir. Est-ce là la réponse de François Hollande aux Français, auxquels il affirmait, au lendemain du premier tour des municipales, qu'il avait entendu leur message d'inquiétude, voire de désaveu de sa politique libérale ? Est-ce l'enseignement qu'il retient de la forte abstention de l'électorat de gauche, de la défaite des candidats PS sur le terrain local et de la défaite personnelle qu'il a essuyée dimanche ? C'est sur les mesures d'ordre social en faveur des classes défavorisées que prendront le nouveau Premier ministre et son gouvernement remanié que l'on pourra dire que François Hollande et la majorité gouvernementale ont entendu le message des Français. Rappelons que le coup de semonce donné par les électeurs à la gauche, et plus particulièrement au Parti socialiste, aux élections des 23 et 30 mars, a été sévère. La gauche a perdu du terrain jusque dans des fiefs emblématiques où son ancrage remontait à près d'un siècle. 155 villes de plus de 9000 habitants passent à droite. Les résultats du deuxième tour, dimanche, ont confirmé le revers de la gauche qui, avec 40% des voix, est déclassée par la droite (45 % des voix) qui devient la première force politique locale.