Au pays de Mouamar Al Kadhafi, les Algériens ne sont visiblement pas les bienvenus. La terrible mésaventure vécue durant six longs jours par huit familles parmi nos compatriotes établis dans les pays du Golfe renseigne une fois de plus sur cette haine que nos voisins semblent éprouver dès qu'un Algérien pointe le nez chez eux. Délit de faciès ? C'est apparemment le cas quand on observe la froideur inhumaine avec laquelle certains de nos compatriotes, dont des femmes et des enfants, ont été conduits de force et en plein désert libyen afin de leur faire quitter le territoire du « frère » Kadhafi. Pour couronner cette humiliation musclée, il fallait bien sûr planter un décor de guerre pour chasser ces « intrus » avec la manière forte. Ces malheureuses familles ont eu droit à une escorte constituée de camions bondés de soldats depuis leur entrée sur le territoire libyen (à partir de l'Egypte) jusqu'à la frontière entre La Libye et la Tunisie. Donc pas moyen pour elles de s'arrêter pour manger, dormir où tout simplement se désaltérer. Les militaires libyens, qui exécutaient sans doute des ordres venus d'en haut, ne voulurent point lâcher ces Algériens d'une semelle jusqu' à ce qu'ils quittent le territoire de la Djamahiria. Et encore ! Arrivées à la frontière avec la Tunisie, les huit familles qui croyaient être enfin sorties du cauchemar libyen tombent brusquement dans le traquenard de la police libyenne des frontières qui exigea inexplicablement aux suppliciés de s'acquitter des... droits de quitter les frontières libyennes ! « 1000 lires, sinon pas de sortie », leur a-t-on dit. Le cauchemar devait donc continuer pour nos ressortissants. Il a fallu l'intervention du gouvernement algérien pour que la situation se débloque. Cet incident, il est vrai très coûteux pour ces familles, doit être malheureusement versé aux innombrables traitements scandaleux et brutaux subis par d'autres Algériens en terre libyenne. Ce comportement affligeant des autorités de ce pays est sans doute trop sérieux pour être, cette fois-ci, passé sous silence. Cette affaire ressemble trop à une provocation. Provocation que Kadhafi a lui-même commencé en allant prêcher, en janvier dernier, son fantasme du « Grand Sahara » chez les tribus touareg. La suite est connue. L'appel de Al Kadhafi a suscité une révolte au nord du Mali. Le fait est que depuis la normalisation des relations entre son pays et les Etats-Unis, après avoir montré patte blanche, Mouamar El Kadhafi bombe le torse et se croit investi d'une mission supranationale. Il a su formater les autorités de son pays à son image par la soumission et pense pouvoir infliger le même traitement aux autres. Aux Algériens, y compris. Des Algériens qui ont pourtant toujours plaidé la cause du fantasque « Guide » même quand il perd la boussole. La notion de « bon voisinage » prend chez le colonel Al Kadhafi une acception très spéciale, synonyme de maltraitance, d'humiliation, voire de provocation.