Durant la période coloniale déjà, le parvis supérieur de l'immense marché couvert du centre-ville était voué à la détente des habitants de la ville des Ponts qui venaient se relaxer sur les bancs publics, profiter de la brise provenant de la plaine située en contrebas et s'y rafraîchir en prenant des crèmes glacées ou des boissons fraîches à l'ombre protectrice des parasols multicolores des glaciers et autres cafetiers conviviaux. Durant la saison estivale, ces activités récréatives redoublaient de force à la joie des grands et des petits. Malheureusement, cette esplanade (unique en ville et même dans toute la région est du pays par sa conception architecturale « art déco ») est laissée depuis quelques années en jachère. La municipalité, qui a la charge de la gestion du patrimoine communal, justifie cette situation par le fait que les supports supérieurs de cette surface (l'armature du toit du marché Boumezzou), ne supporteraient pas une masse compacte sur son aire, avançant qu'il y a un danger réel d'effondrement de tout le bâti. Qu'à cela ne tienne. Dans ce cas, ne pourrait-on pas procéder à la restauration (et une fois pour toutes) de ce site exceptionnel au lieu de procéder, comme cela a été toujours le cas, et récemment encore, à des travaux superficiels et éthérés ? Le défunt Casino, toujours vivant dans la mémoire des Constantinois, sacrifié sur l'autel de l'incompréhension, le square Bennacer fermé pour cause de mauvaises fréquentations, les espaces verts (ou ce qu'il en subsiste) notoirement déliquescents, jusqu'où aboutira cette descente aux enfers d'une cité plus que doublement millénaire qui ne mérite guère ce qu'elle ne cesse de subir, au grand dam de ses habitants acculés de plus en plus par le bétonnage à outrance tous azimuts ?