La visite qu'effectuera, en juillet prochain, le président de la République au Royaume-Uni scellera sans doute l'idylle naissante entre Alger et Londres. C'est du moins ce que suggère Mohamed Salah Dembri, ambassadeur d'Algérie au Royaume-Uni, lors de son intervention, hier, sur les ondes de la Chaîne III. Il faut noter d'emblée que c'est la première visite d'un chef d'Etat algérien dans ce pays réputé plus branché sur ses anciennes colonies du Commonwealth, pendant que l'Algérie est considérée, à tort ou à raison, comme chasse gardée de la France. Et maintenant que ce cliché tend à disparaître ces dernières années, notamment avec la polémique sur le passé colonial de la France, le gouvernement de Sa Majesté commence lentement mais sûrement à prendre pied en Algérie. Abdelaziz Bouteflika et Tony Blair devront d'ailleurs, d'après M. Dembri, signer quatre conventions en matière d'entraide judiciaire, paraphées, récemment, à Alger. Mais il n'y aura pas que cela entre Londres et Alger. M. Dembri parle d'une dynamique qui « va permettre à l'Algérie et à la Grande-Bretagne d'aller de l'avant sur tout ce qui concerne les relations bilatérales », dont la dimension économique aura une place importante. Pour M. Bouteflika, il s'agira de mettre en valeur à Londres « les énormes potentialités de l'Algérie et ses capacités d'absorption de l'investissement extérieur », notamment dans tout ce qui touche au développement de l'agriculture, de l'hydraulique, des infrastructures de base, les investissements dans le secteur de l'énergie et les télécommunications. Khalifa dans les bagages ? Les deux pays, d'après le diplomate, vont donc donner un coup d'accélérateur à leur partenariat qui sera couronné par la signature d'un texte de création d'un comité mixte entre l'Algérie et la Grande-Bretagne qui servira de cadre à cette coopération. Partenariat déjà dense dans le domaine des hydrocarbures, faut-il le rappeler. D'autres textes, devant être finalisés d'ici à juillet, seront également signés, notamment celui relatif à la suppression de la double imposition et celui de la protection réciproque des investissements. Mohamed Salah Dembri annonce, également, le début des négociations avec les autorités monétaires britanniques sur le remboursement anticipé de la dette privée et publique, dont le stock est estimé entre 700 et 800 millions de dollars pour la première et entre 400 et 500 millions de dollars pour la seconde. S'agissant de l'inévitable question des extraditions, M. Dembri a rappelé qu'elle « concerne aussi bien des affaires criminelles, telles que les crimes économiques, comme c'est le cas pour l'affaire Khalifa, que des affaires liées au terrorisme « , précisant que l'Algérie a formulé « deux ou trois demandes d'extradition » à ce sujet. Bien qu'il ne s'est pas appesanti sur l'extradition ou pas de l'ex-golden boy algérien, qui coule des jours heureux dans un quartier chic de Londres, il est fort possible que Bouteflika arrive à convaincre Tony Blair de lui remettre l'homme qui a scandalisé les Algériens et dont le procès est justement prévu pour juillet. Lors de son passage à Alger en février dernier, l'ex-chef du Foreign Office Jack Straw n'a pas exclu la possibilité de voir Khalifa Moumen extradé pour peu « qu'une convention soit signée entre les deux pays ». Sur un autre plan, M. Dembri croit déceler une « normalisation » dans la procédure de délivrance de visas qui devient, selon lui, « de plus en plus rapide ». Et dans le même ordre d'idées, le diplomate a indiqué que l'Algérie a eu à traiter dans le cadre de la coopération judiciaire, « 17 cas de demandes d'éloignement » émises par la Grande-Bretagne concernant des ressortissants algériens vivant dans ce pays.