L'extradition de Abdelmoumen Khalifa est sur le point de devenir une polémique entre Alger et Londres. Aux affirmations de Salah Dembri, ambassadeur de l'Algérie à Londres, selon lesquelles le traité d'extradition, signé entre l'Algérie et le Royaume-Uni, attend sa ratification par le Parlement britannique, la représentation diplomatique de la Grande-Bretagne à Alger répondra par un démenti formel. « Ce n'est pas vrai (…) », est-il précisé dans un communiqué adressé à la rédaction, signé par la chargée de la presse et des relations publiques, Nour El Houda Ghediri. « Le traité en question a été soumis au Parlement du Royaume-Uni le 6 octobre 2006 et a été approuvé le 9 novembre 2006 », est-il souligné. L'ambassade britannique affirme que l'entrée en vigueur de ce traité se fera après l'échange des « instruments de ratification » entre l'Algérie et la Grande-Bretagne, sans préciser la nature de ces « instruments ». Echange qui, à en croire l'ambassade, se fera incessamment. L'ambassade considère la signature du traité d'extradition entre les deux Etats comme « un développement significatif » dans les relations bilatérales. Mais cela ne représente, note-t-elle, qu'un élément de la coopération effective et croissante dans les domaines juridiques entre l'Algérie et le Royaume-Uni. Le communiqué met en exergue « la volonté » de Londres de faire aboutir le processus d'extradition du golden boy. « Le Royaume-Uni prend très au sérieux toute allégation de délit criminel et examine soigneusement toute requête d'extradition », est-il indiqué dans le communiqué. La mise au point de l'ambassade british s'adresse également à ceux qui ont exprimé des doutes sur sa franche volonté de livrer aux autorités algériennes le principal accusé dans l'affaire d'El Khalifa Bank. C'est une réponse aux appréhensions de Djilali Hadjadj, président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, lequel avait affirmé, le 11 janvier sur les ondes de la Chaîne II, détenir « des éléments d'information et d'appréciation qui montrent que le gouvernement britannique n'a pas une réelle volonté politique de coopérer avec l'Algérie pour ce qui est de l'extradition de Abdelmoumen Khalifa ». Dans une déclaration le 8 janvier (le jour de l'ouverture du procès d'El Khalifa Bank) à la Chaîne III, M. Dembri avait affirmé que le processus de ratification du traité d'extradition signé entre l'Algérie et le Royaume-Uni n'est pas encore achevé, insinuant que les lenteurs sont du côté britannique. « La ratification passe par le Parlement britannique », a-t-il indiqué, soulignant que l'Etat algérien a ratifié le traité par décret présidentiel lors d'un Conseil des ministres datant du 11 décembre 2006. A tenir compte de cette date, il est évident que le Royaume-Uni a ratifié bien avant l'Algérie l'accord d'extradition. Ce qui fait que Tayeb Belaïz se montre, depuis quelques mois, confiant quant à l'aboutissement du processus d'extradition. « C'est une question de temps », a-t-il indiqué en marge de la signature de la loi de finances 2007, le 26 décembre 2006. Mais voilà que le procès Khalifa s'ouvre sans le principal accusé. Y aura-t-il donc, en cas d'extradition de Moumen, un second procès Khalifa ? C'est la question à laquelle les décideurs algériens ne semblent pas avoir de réponse.