Les questions de terrorisme, de circulation des personnes, de trafic de stupéfiants et de coopération administrative sont au centre de la visite de travail de 48 heures qu'effectue depuis hier Dominique de Villepin, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, indique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. « Ce déplacement intervient dans le cadre des contacts étroits et permanents entretenus avec les pays du Maghreb, qui conduiront le ministre à se rendre également en Algérie et en Tunisie dans les prochaines semaines », souligne, pour sa part, le Quai d'Orsay. En matière de lutte antiterroriste, la France souhaite renforcer la coopération avec les pays du Maghreb. L'Espagne a émis le même souhait et « veut construire une “alliance stratégique“ avec les pays du monde arabo-musulman contre le terrorisme », soulignait récemment le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s'adressant à 120 ambassadeurs espagnols réunis à Madrid. Le Maroc est particulièrement concerné, depuis les attentats de Casablanca et de Madrid, dans lesquels le Groupe islamique combattant marocain (GICM), proche du réseau d'Al Qaîda, est impliqué. Il est à rappeler que Rabat avait sollicité l'aide des services de sécurité français après les attentats de Casablanca, le 16 mai 2003. Le GICM constitue une menace tant pour le Maroc lui-même que pour les pays européens. Plusieurs de ses membres ont été arrêtés en France et en Espagne. L'enquête sur les attentats de Casablanca a mis en évidence le rôle joué en Europe par des islamistes franco-marocains. Le GICM, réunissant ceux qu'on appelle les « Marocains afghans », a été créé en 1998 dans la même mouvance que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie. Dominique de Villepin a évoqué dans une rencontre avec des lecteurs du Parisien (entretien rapporté par le quotidien dans son édition d'hier) la « bataille » qu'il mène « sur le front du renseignement » : « Maximiser la coordination du renseignement sur le territoire national, avec la création du comité du renseignement intérieur : la main droite ne peut ignorer ce que fait la main gauche. Aujourd'hui, nous sommes, en matière de terrorisme, l'un des pays qui dispose le plus d'expérience. Et nous avons, avec nos partenaires, une collaboration exemplaire, que nous devons développer. En même temps, nous nous dotons de tous les outils technologiques et juridiques indispensables. » Le ministre de l'Intérieur français s'attache, par ailleurs, à démanteler des réseaux de trafic de stupéfiants, actifs en France, qui sont en lien direct avec des filières marocaines. C'est le deuxième dossier d'importance qu'il abordera avec les autorités marocaines. Un troisième volet de la visite de Dominique de Villequin au Maroc concerne l'immigration clandestine. Cette question sera également abordée avec les autorités tunisiennes, car depuis que l'Espagne a mis en place en 2002 un système électronique dans le détroit de Gibraltar pour lutter contre l'immigration illégale, les réseaux d'immigration clandestine se tournent de plus en plus vers la Tunisie pour rejoindre la Sicile.