L'équipement vétuste de l'entreprise de transformation de liège, qui compte 70 employés, date de 1933. L'activité de la transformation de liège aggloméré est délaissée dans la wilaya de Béjaïa. Gagné par la concurrence des autres matériaux d'isolation synthétiques, moins chers sur le marché des matériaux de construction, le liège s'est presque fait oublié. «Nous n'avons pas le droit d'abandonner cette activité au moment où le monde entier pense à la préservation de l'environnement», lance M. Himrane, président-directeur général de l'entreprise publique économique (EPE), Béjaïa Liège, spécialisée dans la production de liège aggloméré noir expansé. Pour notre interlocuteur, les autorités doivent fournir des efforts pour permettre la survie de cette activité qu'il qualifie de «noble». Les sollicitations de M. Himrane se portent essentiellement sur l'utilisation des isolants naturels lors des constructions des infrastructures publiques, notamment les écoles primaires et les hôpitaux, fréquentés par des malades et des enfants, plus vulnérables aux matériaux artificiels. «L'utilisation des panneaux de liège aggloméré contribue énormément à garantir la réussite de votre mission qui est de préserver la santé du citoyen», écrit le P-DG de Béjaïa Liège dans une lettre adressées au ministère de la santé, auquel il a même introduit une demande d'audience et dont il attend une réponse. Le P-DG, bouclant son premier semestre à la tête de l'entreprise Béjaïa Liège, nous dit avoir avisé d'autres responsables de divers secteurs et des utilisateurs potentiels du liège aggloméré pur, pour faire face au problème de commercialisation dont souffre son usine. «En ce moment, nous travaillons difficilement avec quelques entreprises et des particuliers» informe-t-il. Afin d'y remédier, l'entreprise s'est investie dans la communication pour faire connaître son produit à la fois écologique et économique. Un site Internet et un show room seront également réalisés incessamment. Hormis les difficultés commerciales, l'EPE Béjaïa Liège manque, en amont, de matière première. Alors que les besoins de l'usine sont de 2 000 tonnes de liège par année, l'on reçoit à peine 800 tonnes. Quoique les chênes-lièges soient disponibles à la forêt, ils ne sont pas suffisamment exploités et se trouvent généralement au milieu de la broussaille. Or, pour avoir une bonne récolte, les services de la conservation des forêts doivent procéder à l'entretien et au reboisement des fagacées. «Ceci aidera à la création de l'emploi dans ces zones montagneuses et permettra à l'activité de se développer», appuie M. Himrane, avant d'ajouter : «Si les autorités décident de s'impliquer, non seulement nous n'allons pas perdre cette activité mais nous pouvons même exporter notre produit.» D'ailleurs, l'EPE a pu exporter cinq containers durant le premier trimestre de l'année en cours contre deux seulement pendant toute l'année dernière. «Nous avons eu une demande d'un client Allemand que nous n'avons pas pu satisfaire parce que notre matériel ne peut pas répondre à l'exigence de l'acheteur», poursuit le directeur. L'équipement vétuste de l'entreprise de transformation de liège, qui compte 70 employés, date de 1933. Toute l'infrastructure de l'usine est dans le même état que le matériel : vieille et délabrée. Une bonne nouvelle, l'entreprise acquerra bientôt un équipement tout neuf et beaucoup plus sophistiqué dans le cadre de la mise à niveau des entreprises publiques. Le président-directeur général prévoit même une seconde activité pour l'EPE. Peut-être même que l'usine quittera ce lieu détérioré. La question n'est pas encore tranchée avec les services de la wilaya.