Le professeur espagnol de littérature médiévale, José Manuel Lucia Mégias, a animé une conférence, mardi après-midi, au Salon des actes de l'Institut Cervantès, à Alger. Une conférence portant sur «Cervantès, un homme sans visage et un écrivain sans biographie», a été organisée dans le cadre de la commémoration de la mort de Miguel Cervantès, le 23 avril 1616. Les avis restent partagés sur le nombre d'écrits consacrés à cet écrivain. Les informations sur sa vie sont souvent contradictoires et difficiles à rassembler. C'est du moins ce qu'a soutenu le professeur de littérature médiévale et poète, José Manuel Lucia Mégias. Ce dernier travaille depuis quelques années sur l'œuvre de Cervantès, en reconstituant certaines images et récits de cet homme glorieux. Président de l'association Cervantès, José Manuel Lucia est professeur de philologie à l'université Complutense de Madrid, en Espagne. Il est également coordonnateur du Centre d'études universitaires Cervantès depuis 1999. Il dirige également la plateforme littéraire Complutense Writers 2.0 et Complutense Semaine lettres de l'université Complutense de Madrid depuis 2010. Il s'est spécialisé dans la littérature de la chevalerie, la critique textuelle, les humanités numériques et l'iconographie du Quichotte. Il a ainsi publié plusieurs ouvrages dont, entre autres, Livre d'heures, Condamné Prométhée, Acrostiche, Chansons et autres verres de whisky, Journal de bord, Trento, Triptyque et Y Mahmoud et Ayaz ont été appelés. Ce spécialiste de Cervantès estime que Miguel Cervantès est considéré aujourd'hui comme le plus grand écrivain de la littérature espagnole moderne. Mais Cervantès est un homme sans visage. «Nous n'avons pas d'image réelle de lui. Il nous laisse l'imaginer à travers ce qu'il a rédigé dans ses nombreux écrits. Dans un de ses autoportraits fait en 1613 à Madrid, Cervantès mentionne les propos suivants : ‘‘Celui que vous voyez a les yeux joyeux, un nez courbé, une barbe grise et des dents au nombre de six non alignées. Le corps est bâti entre les deux extrêmes. La couleur de la peau est blanche Les épaules sont bien développées. La taille n'est pas grande''». Cette description, le conférencier José Manuel Lucia Megias soutiendra qu'elle est irréaliste. Il estime qu'il s'agit d'une image qui nous renvoie à un miroir. Il y a comme une idéalisation à laquelle nous ne croyons pas. Dans un autre écrit, Cervantès note qu'il a perdu la main gauche en participant à la bataille de Lépante en 1571. La blessure, témoin d'un acte historique, est laide, mais belle. En 1606, un artiste peintre a décidé de réaliser un tableau de Cervantès à partir d'un texte littéraire. Selon José Manuel Lucia, le portrait en question, accroché à l'Académie royale de Madrid, est faux. Des siècles durant, on proposera un portrait de Cervantès qui sera un faux. Commence alors le début du mythe à travers la célébre œuvre de Don Quichotte. Sur un autre registre, le conférencier posera la question suivante : «Que savons-nous exactement de Cervantès ? Il nous a raconté tellement de choses. Il a dû trouver un métier, car il n'avait pas de rente familiale.» Un parallèle est fait entre Lope de Vega et Cervantès. Lope de Vega est un dramaturge et poète espagnol Il est considéré comme l'un des écrivains majeurs du siècle d'or espagnol. Il a écrit environ 3000 sonnets, 9 épopées, des romans, 1800 pièces profanes, 400 drames religieux, de nombreux intermèdes. Par ailleurs, il a été difficile de déterminer l'origine des revenus de Cervantès. En guise de conclusion, José Manuel Lucia dira que Miguel Cervantès reste un écrivain génial, capable de mettre un livre dans un livre, de mélanger la réalité à la fiction. «Il a vécu avec des songes et des prétentions. Il s'est construit sur le plan personnel ».