Chargée de surveiller le scrutin présidentiel, la commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, composée des représentants des 6 candidats, ne sert finalement pas à grand-chose. Au cours d'une journée incertaine, la commission que préside Fateh Boutbig n'a enregistré que très peu de plaintes et n'a émis presque pas de remarques. Au siège de la commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle, situé dans l'annexe des locaux de la wilaya d'Alger, c'est le calme plat. Pendant que les six membres sont constamment réunis pour prendre la température de l'élection un peu partout dans le pays, des journalistes, essentiellement nationaux, attendent impatiemment de connaître les premiers couacs d'une élection dont personne ne peut prévoir l'issue. Nous pensons que la commission, une fois les délibérations terminées, allait faire des déclarations importantes ou, tout au moins, des remarques croustillantes. Surtout qu'à l'intérieur du pays, les informations plus au moins inquiétantes ne manquent pas. On annonce ainsi que dans la partie kabylophone de Bouira, des urnes ont été brûlées. Dans certains bureaux d'Alger, des escarmouches ont éclaté. Douche froide. Les représentants des six candidats arrivent, vers 11 h30, dans la peau d'une équipe soudée. Point de signes de concurrents qui, même dans un esprit sportif, on décèle les signes d'une compétition qui s'avère pourtant décisive. "On n'a pas été saisis" Fateh Boutbig, représentant du candidat Abdelaziz Belaïd, se présente enfin devant les journalistes, flanqué des autres représentants pour donner sa première collecte : des plaintes en cascades des représentants de Benflis et de Rebaïne contre les représentants de Bouteflika. Des plaintes peuvent aller d'une simple accusation de «publicité illégale» au plus grave des reproches : dans un bureau de vote de Khenchela, un président d'un centre de vote a carrément bourré les urnes. Que fait la commission ? «Elle a alerté la commission de supervision !». Cette dernière est composée de juges qui ne disposent pas forcément de pouvoir. Pause déjeuner, et bis repetita. Pendant que les journalistes s'ennuient dans les couloirs sombres de la wilaya d'Alger, les six membres parlementent. Point d'infos et, soudain, une lueur d'espoir : un document provenant de la wilaya de Tlemcen donne une preuve tangible de la fraude. Dans un centre de vote, les responsables ont réussi la prouesse de créer un écart de plus de 1000 inscrits entre la liste remise aux représentants des candidats et celle que détient l'administration. Autant de voix qui peuvent permettre donc à l'administration de manipuler les chiffres si cela se reproduis un peu partout. Et c'est le sentiment général qui est partagé par les hommes et femmes des médias. «J'ai vu de mes propres yeux des bus remplis de militaires qui allaient certainement voter dans un même bureau de vote à Kouba, à Alger», raconte un journaliste. L'attente est longue. La conférence de presse, prévue à 15 heures, est sans cesse repoussée. On attend. On s'interroge et, vers 17 heures, les six hommes apparaissent de nouveau. Boutbig énumère les dépassements signalés. L'incident de Tlemcen figure parmi les cas cités. «On nous a dit que c'est juste une incompréhension !». Une incompréhension qui vaut 1000 voix sur 5000 ! Un seul cas «sérieux» est mentionné. Trois jours après la fin de la campagne électorale, la commission de supervision de l'élection a finalement ordonné à la télévision d'Ennahar de «cesser» ses attaques contre le candidat Ali Benflis. «Et les autres chaînes de télévision qui appellent à voter Bouteflika ?», interrogeons-nous. «Nous n'avons rien reçu !», répond Boutbig. Ce sera ainsi tout au long du scrutin.