L'administration et la commission de supervisions des élections doivent aussi enquêter sur les dépassements signalés par les candidats à la prochaine présidentielle. C'est la réponse du président de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle du 17 avril prochain (Cnisel), Fatah Boutbig, au Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, qui a demandé aux candidats de «présenter des preuves tangibles sur l'utilisation des moyens de l'Etat par les partisans de Abdelaziz Bouteflika». Intervenant lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, il affirme que l'engagement de plusieurs ministres en exercice dans la campagne du président sortant a été dénoncé par les cinq candidats et leurs représentants au sein de la Cnisel. «La commission a reçu un nombre important de plaintes venant des représentants des six candidats à la prochaine présidentielle. Nous les avons enregistrées et transmises au président de la Commission nationale de préparation des élections et celui de la Commission nationale de supervision des élections. Concernant le dépassement portant sur l'utilisation des moyens de l'Etat, notamment par les ministres en exercice qui mènent campagne pour le candidat Bouteflika, le Premier ministre a exigé des preuves pour agir contre les contrevenants», explique-t-il. Reconnaissant les limites des prérogatives de la commission qu'il préside pour prendre des mesures contraignantes, Fateh Boutbig rappelle aux magistrats et à l'administration leurs missions. «Les deux commissions ont les moyens d'enquêter pour prouver les plaintes des candidats et garantir l'égalité des chances entre eux. Si les dépassements sont confirmés, les responsables doivent être sanctionnés en application de la loi», précise-t-il. 15 millions de dinars versés aux candidats Selon l'orateur, la Cnisel, composée des représentants des candidats en lice, a déjà dénoncé l'implication des ministres en exercice, en particulier Amar Benyounès, Amar Ghoul, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, dans la campagne au profit de Abdelaziz Bouteflika. Parmi les dépassements enregistrés également par la Cnisel, Fateh Boutbig cite le non-respect des espaces d'affichage et l'inégalité des ressources financières. «Nous avons adressé la requête des candidats au président de la commission préparatoire de l'élection pour verser à ces derniers l'aide éventuelle de l'Etat pour les aider à animer davantage leurs campagnes respectives. Il y a eu une réponse. Selon les informations que j'ai obtenues, l'administration a versé une somme de 15 millions de dinars d'aide à chacun des candidats», annonce-t-il, précisant que la campagne électorale, entamée depuis le 23 mars dernier, «a été timide durant la première semaine». S'agissant de la couverture de cette campagne par les médias, la Cnisel se dit satisfaite. Mais le lancement, par les partisans du 4e mandat, d'une chaîne de télévision et de radio pour faire la promotion de leur candidat, fait grincer des dents au sein de cette commission. La publicité électorale est interdite par la loi et les membres de la Cnisel ont ouvert un débat sur cette question.