Il a fallu au maire de Rahmania déployer bien des efforts pour convaincre le P/APW d'Alger de la nécessité d'implanter un CEM dans sa commune. Aux arguments techniques développés par ce dernier, qui était en défaveur d'un semblable projet dans l'ex-Sainte Amélie, l'édile a joué sur l'extrême indigence de sa circonscription, son sous-équipement et surtout sur le devoir de l'Etat d'assurer la scolarisation régulière des élèves issus des milieux défavorisés. A Rahmania, où la population est composée en grande partie de paysans, de petits fonctionnaires et d'ouvriers saisonniers activant dans les communes limitrophes, dans le secteur du bâtiment principalement, les collégiens de condition sociale modeste sont légion. Presque tous sont obligés de se déplacer, souvent à pied, jusqu'à Mahelma, Douéra ou Souidania et, par conséquent, d suivre difficilement leur cursus dans des conditions acceptables. Les déperditions scolaires sont énormes, en particulier pour les filles, obligées d'arrêter prématurément leur scolarité, faute d'un établissement du cycle moyen proche de leur lieu d'habitation. Aussi, dès son élection en 2002 à la tête de cette commune d'à peine 7000 habitants, le maire, un enfant du bled, a-t-il décidé d'inverser la tendance en donnant la priorité absolue à l'éducation. Il sera aidé en cela par le wali délégué de Zéralda, un responsable qui « a fait bouger les choses depuis qu'il est arrivé », avoue un membre de l'exécutif communal, « en s'attaquant, entre autres, aux problèmes socio-éducatifs qui sont ici une des principales sources de mécontentement de la population ». Pour ce qui est du fameux collège, aujourd'hui une réalité palpable, sa construction n'a à vrai dire connu aucun aléa sérieux pouvant compromettre sa livraison à la date prévue, ce qui était d'ailleurs impensable et pour le maire et pour le wali qui n'ont cessé leurs inspections, annoncées ou inopinées, depuis le premier coup de pioche. Et de fait, l'établissement sera réalisé dans les délais impartis. Fin prêt depuis 2 mois environ, il ouvrira ses portes en septembre prochain pour accueillir près de 400 élèves de Rahmania et des quatre autres agglomérations secondaires qui lui sont rattachées. C'est le soulagement du côté de la population, et les responsables locaux ne cachent pas leur satisfaction d'avoir doté le village d'une infrastructure dont l'utilité n'est plus à démontrer. Dans la foulée, la commune a renforcé ses capacités d'accueil dans le primaire : à l'heure actuelle, elle dispose de 27 classes réparties à travers les centres de vie qui ont permis d'éliminer le système de la double vacation. Mieux, ces classes sont en réfection pour accueillir les élèves dans les meilleures conditions possibles. En outre, une enveloppe financière conséquente a été dégagée par l'Etat pour doter tous les établissements scolaires de la commune en chauffages, sachant que l'hiver est des plus rigoureux dans ces collines dénudées du Sahel. L'année scolaire 2006/2007 s'annonce donc sous de bons auspices pour les élèves de Rahmania et ce n'est que justice rendue à la population de cette ville qui, dans les pires moments de la décennie rouge, n'a jamais été tentée par l'exode vers les grandes agglomérations alentour, pourtant mieux loties. « Pourvu que l'Etat maintienne le rythme des réalisations socioéconomiques pour répondre aux principales préoccupations des gens. A mon avis, c'est la seule manière de lutter contre la désertification rurale », conclut le secrétaire général de l'APC.