Une nouvelle bavure policière, une nouvelle enquête. Comme à chaque violence de fonctionnaires de la police, la Direction générale de la Sûreté nationale constitue une commission d'enquête pour «déterminer les responsabilités» et «punir» ceux qui se seraient rendus coupables de manquements à l'éthique professionnelle. La violence contenue dans la vidéo montrant des policiers s'acharnant sur un manifestant, inerte et torse nu, a choqué. La DGSN n'a d'autre choix que de réagir. «Là où il y a atteinte à la dignité du citoyen, le DGSN prend des sanctions», promet le commissaire divisionnaire Djilali Boudalia, chargé de communication à la DGSN. Contacté hier, l'officier de police précise cependant que 24 heures après les faits, «l'enquête est toujours en cours». Même lorsque des réseaux sociaux rapportent que «cinq policiers ont été suspendus», la DGSN dément : «Aucune décision n'est prise tant que l'enquête suit son cours.» Contrairement à d'autres événements, la DGSN n'essaie pas de nier l'authenticité de la vidéo prise à Tizi Ouzou. «Le contenu de la vidéo est toujours entre les mains de la police scientifique qui fait un travail d'authentification», précise M. Boudalia. Mais au-delà du contenu, le policier insiste sur «le respect des droits de l'homme». «Depuis 2011, des conférences et des journées d'explication ont été organisées en direction des policiers pour les sensibiliser sur le sujet du respect des droits de l'homme», a indiqué notre interlocuteur. Au cas où les faits sont avérés, explique M. Boudalia, «des sanctions sévères sont prises à l'encontre d'agents reconnus coupables». Ces sanctions peuvent «aller jusqu'à des poursuites judiciaires», ajoute-t-il. Une violence systématique Pourtant, cet incident de Tizi Ouzou n'est pas unique en son genre. A Ghardaïa, Constantine et, plus récemment, à Bouira, les images de policiers usant de brutalités sont légion. «Ce n'est pas général. Ce sont des cas isolés qui sont souvent sanctionnés lorsque les faits sont avérés», insiste le collaborateur du général-major Hamel. Mais ce dernier est incapable de dire qui a donné ordre d'empêcher une manifestation habituellement pacifique. La polémique sur les méthodes de la police n'est pas nouvelle. Alors que le pouvoir clame qu'il «respecte les libertés», les services de sécurité sont souvent pointés du doigt. Si le maintien de l'ordre fait partie de leurs missions, le recours systématique à la violence impose des questions. Ainsi, lorsque des animateurs du mouvement Barakat se rassemblent au centre-ville d'Alger et n'ont que des stylos comme armes dans le pire des cas, la police charge et fait montre d'un énervement inhabituel. La DGSN réagit et invente même un nouveau concept : la gestion démocratique des foules. Devant les critiques des médias et des organisations des droits de l'homme, la police a fini par lâcher prise. Mais juste pour une courte période. Puisque la veille de l'élection présidentielle, les policiers ont fait montre d'une attitude des plus violentes. A Ghardaïa, la police n'est pas seulement accusée de violence. Des images circulant sur les réseaux sociaux la montrent dans un nouveau rôle : celui de protéger des émeutiers qui attaquent des citoyens. Après avoir crié au complot et tenté de se défendre en désignant les génies de l'internet d'être derrière le montage de vidéos, la DGSN a finalement reconnu avoir «sanctionné trois policiers», tandis que des images en montrent bien davantage. Pis, même des officiers supérieurs sont mis à l'index. Ces agissements et ces réponses laissent en suspens des questions sérieuses. A commencer par celle de savoir à quoi servent ces enquêtes si le comportement des policiers reste toujours le même...