L'antique Russucurus, qui fut pourtant l'un des comptoirs privilégiés des Phéniciens, sombre chaque jour un peu plus, au grand dam de ses habitants, dans un sommeil profond. En effet, la sœur jumelle de l'antique Icosium, située à l'extrême est de la wilaya de Boumerdès celle-là même qui envoûtaient les touristes il y a quelques années, offre à présent aux visiteurs non avertis l'image d'une ville sans âme. La situation déjà alarmante de Dellys s'est d'avantage accentuée depuis le séisme dévastateur du 21 mai 2003 qui l'avait pour rappel presque biffée de la carte. Le centre-ville, presque entièrement détruit par la colère de la nature, est abandonné à son triste sort. Les élus locaux, qui semblent y trouver un réel plaisir, prolongent mystérieusement leur hibernation, mais également et surtout leurs querelles infantiles. Approché par nos soins, l'un des responsables locaux nous dressera un tableau des plus sombres de la situation de la commune : « Notre commune compte plus de 32 000 âmes, dont la moitié réside au CLC. Au problème des routes délabrées et à celui de l'alimentation en eau potable (AEP) est venu malheureusement se greffer celui du réseau d'assainissement qu'il faudra résoudre de façon urgente, et ce, afin d'éviter aux populations déjà meurtries par tant de désagrément, les maladies à transmission hydrique (MTH), notamment à l'approche des grandes chaleurs. » Le port de la ville, source de subsistance pour plusieurs milliers d'âmes, nécessite, selon notre source, une rapide extension. Et, dans le but de permettre à la ville sur laquelle veillent les saints Sidi Al Harf et Sidi El Madjni de respirer un tant soit peu, il est indispensable de faire renaître de ses cendres la RN 25. En attendant que le miracle se produise, les Dellysiens, comme ensorcelés, regardent impuissants leur « Dellys-cieuse » mourir en silence.