Les opérations de relogement sont toujours caractérisées par la présence d'indus bénéficiaires, dont des étrangers venus des autres wilayas et même d'entrepreneurs et de personnes aisées. Depuis le mois de novembre de l'année écoulée, aucune baraque n'a été démolie par les autorités locales qui avaient pourtant déclaré une guerre sans répit contre les centaines de flibustiers qui prennent en otage des espaces domaniaux pour ensuite tirer profit de l'opacité qui caractérise les différentes opérations de relogement des habitants des bidonvilles. La démolition des 26 logis de fortune du POS 10 où l'on doit implanter des projets d'utilité publique, dont des logements LPA (logement participatif aidé) avait, pour rappel, mis à nu toutes les complicités existantes au sein du circuit officiel et des élus locaux. Ceux ayant participé à l'opération de démolition avaient apporté des révélations fracassantes. Voici les propos d'un témoin oculaire : «Nous avons constaté le jour où l'on devait libérer une partie du bidonville en question, l'existence de plusieurs situations, qui invitent chacun de nous à penser réellement à l'ampleur des complicités : deux entrepreneurs, des demandeurs originaires des autres wilayas, notamment Tébessa, Annaba, Jijel et Mila, des propriétaires de deux fourgons de type J9, des fonctionnaires et des enseignants aisés, des proches de quelques personnes influentes font partie du lot des demandeurs de logement.» Un élu communal a expliqué que la présence en surnombre de ces personnes est encouragée par les opérations de relogement où l'on ne tient compte ni du dossier ni de l'origine du postulant. Seul un bon de recensement peut justifier le droit à un logement social et c'est là où le légal épouse l'informel, selon ce témoin. Dans ce même bidonville le plus vieux métier est exercé avec les compliments des détenteurs du marché du bidonville. Lequel marché compte parmi ses fidèles des prête-noms, des vendeurs et revendeurs de bons de relogement, des rabatteurs de l'immobilier et ceux du foncier, des responsables malintentionnés, des élus véreux et des demandeurs de logements qui déboursent, en sus d'une contrepartie de l'inscription de leurs noms sur la liste des futurs attributaires, une dîme pour les protecteurs des lieux parmi les marginaux faiseurs de lois dans ce no man's land. La première opération de démolition qui remonte déjà à cinq mois, avait suscité, à juste titre, des questions relatives au degré d'intimité qui existe entre les habitants de ce bidonville et ceux qui les soutiennent parmi ceux censés veiller à l'application des instructions. Au petit matin tout était prêt pour provoquer l'émeute et même ceux qui résidaient hors wilaya avaient été alertés la veille. Le POS 10 est plus qu'une affaire de bidonville.