Le président de la République a annoncé dimanche une augmentation des salaires de la Fonction publique. L'enveloppe financière dégagée par l'Etat à cet effet est de 98 milliards de dinars. Certaines organisations syndicales ont été réjouies par cette initiative. Par contre, certains syndicats autonomes sont apparus dubitatifs par rapport à cette question. Les représentants du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) revendiquent une augmentation des salaires qui doit être indexée au coût de la vie et qui doit prendre en considération l'inflation. Les enseignants veulent une augmentation conséquente des salaires et non pas une revalorisation liée au calendrier politique. « Nous n'accepterons jamais une augmentation politique des salaires. Si les pouvoirs publics optent pour les primes, le mécontentement des enseignants sera de mise dans une ou deux années. L'Etat ne doit plus faire dans le bricolage », lance le premier responsable du Cnapest. Ce syndicat a toujours lutté pour que les enseignants soient à l'abri du besoin le plus élémentaire. « La vie socioprofessionnelle des enseignants est insoutenable. Ils travaillent dans des conditions lamentables. Sachez que la revalorisation de leurs salaires se répercutera aussi d'une manière positive sur les élèves. Le premier gagnant dans ce cas de figure est l'école algérienne », explique les représentants du Cnapest, qui ne peuvent aujourd'hui se prononcer sur cette augmentation parce qu'ils n'ont pas les détails précis sur, entre autres, la répartition de cette revalorisation. « Nous donnerons notre avis et nous jugerons de l'initiative du président lorsque nous prendrons connaissance du niveau de l'augmentation des salaires des enseignants. En ce qui nous concerne, nous revendiquons une augmentation de 100% », affirme le représentant du syndicat. Les syndicats autonomes déplorent le fait que lors des négociations, qui auront lieu incessamment, les véritables partenaires sociaux et les représentants des travailleurs soient absents de la table des négociations. « Cela fait près de 15 ans que l'UGTA n'a pas initié une action de protestation pour revendiquer une augmentation des salaires. Donc, nous ne comprenons pas pourquoi aujourd'hui c'est l'UGTA qui est sollicitée pour défendre la cause des travailleurs », relève un syndicaliste, qui a insisté sur la participation incontournable des syndicats autonomes dans la négociation. « Les syndicats autonomes ont mobilisé et paralysé plusieurs secteurs névralgiques, ils sont dans toutes les entreprises. A cet effet, les pouvoirs publics ne doivent pas les négliger, bien au contraire, il doivent les associer à toutes les actions ayant un rapport lié avec les travailleurs, à l'instar du dossier des salaires », a noté un syndicaliste. Par ailleurs, les représentants du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) ne constatent aucun changement sur le terrain. Pour eux, le chiffre avancé par le premier magistrat du pays relève de la théorie. « L'essentiel pour nous est de savoir comment cette enveloppe financière de 98 milliards de dinars sera répartie entre les différentes catégories des fonctionnaires tout en sachant que la plupart des employés de la Fonction publique touchent un salaire qui ne dépasse pas les 15 000 DA. Sans omettre également que le secteur qui renferme le plus grand nombre de travailleurs est celui de l'éducation nationale », a soutenu M. Nacer du CNES. Ce dernier est persuadé qu'en haut lieu la situation n'est pas claire et que les différentes parties ne se sont pas entendues sur cette répartition. « Jusqu'à maintenant rien n'a filtré sur la méthode que compte suivre le gouvernement par rapport à cette question. Nous supposons que si la question de la répartition a été tranchée, le président l'aurait annoncé pour au moins calmer les esprits et répondre à l'attente sociale la plus pressante », explique notre interlocuteur. Face à cette situation un peu ambiguë, les représentants du CNES ne sont pas prêts de renoncer à leur mouvement de protestation. « Les promesses ne nous intéressent pas, car de par le passé nous en avons reçus des tonnes, actuellement nous exigeons du concret », lance un syndicaliste.